Le dernier cèdre du Liban

⭐⭐⭐✨

Eva, très intelligente mais surtout très en colère, est une jeune pensionnaire du Centre d’Éducation Fermé pour mineurs de Mont de Marsan.

Abandonnée à la naissance, elle ne connait rien de ses parents.

Pourtant, ce jour-là, convoquée chez le notaire, elle reçoit son héritage : des dizaines de micro cassettes et un dictaphone – la voix de sa mère sur des heures et des heures d’enregistrement.

La pièce "Le dernier cèdre du Liban"  séduit à la fois par la richesse de son récit, la force de son propos mais aussi la performance des comédiens: l'actrice incarnant la mère y livre une prestation remarquable, pleine de justesse et de présence scénique; celle qui joue la fille, tout en sensibilité, donne à son personnage une sincérité touchante. Enfin, un troisième comédien complète la distribution en interprétant une galerie de personnages qui viennent enrichir et rythmer le récit et apporter un peu de légèreté. 

Le spectacle prend des allures de récit d’aventure : le spectateur suit le parcours d’une journaliste de guerre passionnée, dont les choix professionnels bouleversent profondément la vie personnelle. À travers ce destin individuel se dessinent les drames d’une époque. La pièce aborde sans détour les horreurs de la guerre au Moyen-Orient au XXᵉ siècle : pertes irréparables, violence extrême, jusqu’à une scène marquante où l’héroïne subit l’enfermement et la torture. Cette dureté n’est jamais gratuite : elle rappelle le prix du témoignage, le courage d’informer, et la nécessité de laisser une trace. L’œuvre interroge aussi la transmission, l’héritage émotionnel et les blessures collectives qui traversent les générations.

Si l’émotion ne m’a pas toujours pleinement atteinte tant le rythme est soytenu et l'histoire dense, elle reste palpable à travers le texte et l’interprétation. "Le dernier cèdre du Liban"  est une œuvre forte et sensible, qui plonge le spectateur au cœur des tragédies de l’Histoire tout en racontant, avec humanité, une histoire de filiation.

Un spectacle dur mais profondément humain, à découvrir.

 

A voir au Théâtre de l'oeuvre 

 

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Marius

⭐⭐⭐✨

Marius aide son père César, bourru et bonhomme, à tenir son bar juste à côté de l’étal de coquillages de la petite Fanny. Pourtant l’envie de prendre la mer l’obsède. Marius & Fanny sont complices depuis leur enfance… jusqu’au jour où le grand trois mats Le Malaisie fait une courte escale à Marseille. L’appel du large, du coeur, de la famille, autant de sirènes aux chants dissonants...

Il fallait oser s’attaquer au monument pagnolesque qu’est Marius mais Jean-Philippe Daguerre a relevé ce défi avec respect et brio. Honte à moi: je ne connaissais absolument rien de cette histoire emblématique de la trilogie marseillaise, et c’est donc en spectatrice « ignorante » que je me suis laissée embarquer.

Dès les premières scènes, on sent l’amour du metteur en scène pour cet univers. Par ailleurs, certaines scènes méritent une mention particulière: la partie de cartes, évidemment, moment de comédie savoureuse et d’énergie collective; mais aussi les échanges entre César et son fils Marius, où l’émotion affleure sous l’humour; et bien sûr cette magnifique déclaration d’amour entre Marius et Fanny, jouée tout en retenue et en pudeur, ce qui la rend d’autant plus touchante.

Les comédiens servent parfaitement cette adaptation. Ils forment un ensemble cohérent et vivant, mais on ne peut passer sous silence la performance de Romain Lagarde qui compose un César à la fois truculent et profondément humain. Sa présence scénique donne de l’épaisseur au personnage sans jamais tomber dans la caricature. Juliette Béhar et Geoffrey Palisse nous émeuvent tant leur histoire d'amour semble sincère et Teddy Melis, que j'avais déjà adoré dans "Le voyage de Molière", incarne un Palisse aussi drôle et maladroit que touchant.

Je ne suis pas, à la base, une grande admiratrice de l’univers de Pagnol. C’est dire combien cette adaptation m’a surprise. Malgré quelques longueurs ici ou là, sans doute inévitables dans un texte aussi ample, on ressort du théâtre avec le sentiment d’avoir assisté à une véritable (re)découverte d’un classique. Une réussite qui donne envie de replonger dans toute la trilogie marseillaise et qui ravira ses amateurs.

 

A voir au Théâtre du Ranelagh 

 

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Le repas des fauves

⭐⭐⭐✨

Paris 1942. Sept convives, s’étant plus ou moins bien accommodés à l’Occupation allemande, se retrouvent chez l’un d’eux pour fêter l’anniversaire de leur hôte. La soirée se déroule sous les meilleurs auspices, lorsqu'au pied de leur immeuble sont abattus deux officiers allemands. En représailles, la Gestapo investit l'immeuble et décide de prendre deux otages par appartement. Mais le Commandant Kaubach, qui dirige l’opération, reconnaît en la personne du propriétaire de l'appartement, M. Pélissier, un libraire à qui il achète régulièrement des ouvrages. Soucieux d'entretenir les rapports courtois qu'il a toujours eus avec lui, il décide de les laisser finir leur dîner et de ne passer prendre ses otages qu’au dessert. Mieux… il leur laisse la liberté de choisir eux-mêmes les deux otages qui l’accompagneront. C'est ainsi que peut commencer "Le Repas des Fauves".

Tout est-il pardonnable quand il s’agit de sauver sa peau? C’est ce qu'affirme l'un des personnages du spectacle "Le repas des fauves" et la question vertigineuse qui est au centre de la pièce, adaptée du roman de Vahé Katcha publié en 1960. Mêlant suspense, dilemme moral et humour noir, elle s’inscrit dans ce que l’on pourrait appeler le “théâtre de l’Occupation”, un genre aujourd’hui très en vogue et que des pièces comme "Les Marchands d’étoiles" ou "Adieu Monsieur Haffmann" ont brillamment exploré.

Cette nouvelle mise en scène frappe d’emblée par sa qualité globale: le rythme est maîtrisé de bout en bout, la tension ne retombe jamais, et chaque scène semble pensée pour faire monter la pression dramatique. On assiste à un huis clos tendu et haletant, où la noirceur de la situation est régulièrement tempérée par des touches d’humour salvateur.

L’une des grandes forces du spectacle réside dans l’utilisation inventive de la vidéo. Loin d’être un simple effet de style, elle fait surgir les scènes extérieures essentielles à l'intrigue et installe une atmosphère visuelle originale. Ces projections apportent au récit une dimension presque cinématographique et intensifient encore l’oppression ressentie par le spectateur.

Les dialogues, eux, sont d’une précision redoutable: ciselés, percutants, ils alternent répliques caustiques et confessions désarmantes. À travers eux, la pièce invite à s’interroger sur l’amitié, la trahison, la moralité et l’hypocrisie sociale: jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour sauver notre peau, et à quel prix? Et nous, comment nous serions-nous comportés pendant l'occupation? Aurions-nous collaboré, lutté à notre manière ou aurions-nous été de simples spectateurs?

La distribution contribue largement à cette réussite. Pour ma part, je n’avais jamais vu Thierry Frémont sur scène ; l’erreur est désormais réparée et le plaisir immense. Dans le rôle principal  (celui du lâche, de l’homme odieux qu’on adore détester) il livre une performance magistrale, alliant charisme, ambiguïté et puissance dramatique.

"Le Repas des fauves"  est bien plus qu’un spectacle sur l’Occupation : c’est une expérience théâtrale moderne et audacieuse qui interroge la nature humaine avec intensité. Un classique du théâtre contemporain que je conseille d’aller découvrir ou redécouvrir.

A voir au Théâtre Hébertot

 

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Denali

⭐⭐⭐⭐

Le mardi 4 juin 2019, Cynthia Hoffman, 19 ans, est retrouvée morte, ligotée et bâillonnée dans la rivière Eklutna en Alaska. Elle a été abattue d’une balle dans la nuque. Les derniers à l’avoir vue sont Denali Brehmer, 18 ans, et Kayden McIntosh, 16 ans. En les interrogeant, les détectives Jessica Hais et Lenny Torres vont mettre à jour une sordide histoire dont les adolescents sont autant victimes que coupables.

Une série Netflix au théâtre, vous pensez que c’est impossible? C’est pourtant l’exploit que réalise « Denali ». Dès les premières minutes, on comprend qu’on ne va pas assister à une pièce « classique ». Générique d’ouverture, découpages en épisodes, récapitulatif: tout le fonctionnement des plateformes de streaming est transposé sur scène avec un brio rare. Cette transposition n’est jamais gadget: elle structure le récit, apporte du suspense, relance l’attention et donne l’impression grisante de binge-watcher un thriller en direct.

La pièce revient sur l’enquête qui a suivi le crime atroce perpétré par des adolescents contre l’une de leurs amies. Inspiré d’une histoire (malheureusement) vraie, ce polar théâtral vous tient en haleine de la première à la dernière minute. Les révélations s’enchaînent comme dans une enquête journalistique, et l’on ne voit pas le temps passer.

Ce qui impressionne surtout, c’est l’ingéniosité de la mise en scène. Les changements de décor sont instantanés, la scénographie joue des écrans, des projections et d’un savant jeu de lumière pour créer plusieurs espaces dans un même plateau. La mécanique est si précise qu’on a l’impression de regarder une saison entière d’une série, mais avec la puissance et l’émotion du direct.

Petit bonus: toute la musique est interprétée en live. Ce choix donne une tension supplémentaire aux scènes et crée un lien sensoriel direct avec le public. Glaçant à souhait, mais aussi extrêmement efficace.

Les amateurs de « Faites entrer l’accusé », « Chroniques criminelles » ou de true crime en général seront comblés, mais même les spectateurs moins familiers du genre ne peuvent qu’être bluffés par la maîtrise technique et narrative de ce spectacle hors norme. Denali est un spectacle qui offre une proposition originale et extrêmement intéressante.

 

A voir au Théâtre Juliette Récamier 

 

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Big Mother

⭐⭐⭐⭐

Alors qu’un scandale éclabousse le Président des Etats-Unis et agite la rédaction du New York Investigation, la journaliste Julia Robinson voit sa vie vaciller dans la salle d’audience d’un tribunal quand elle croit reconnaître sur le banc des accusés son compagnon mort 4 ans auparavant.
Son enquête pour élucider ce mystère croise celle de son équipe, et la petite cellule du New York Investigation se retrouve confrontée à un programme de manipulation de masse d’une ampleur inédite.
Ensemble, malgré leurs différends, ils vont devoir mettre à jour le plus gros scandale depuis l’affaire du Watergate.

La démocratie est en péril. Leur vie aussi

 

Avec "Big Mother", Mélody Mourey (dont j’avais déjà énormément apprécié le travail dans "Les Crapauds fous" et "La Course des géants") signe une œuvre dense et haletante qui interroge notre rapport aux données, à l’information et au pouvoir invisible des algorithmes.

Dès les premières minutes, le spectateur est happé par un rythme qui ne faiblit jamais, à la manière d’une enquête journalistique menée tambour battant. 

L’un des atouts majeurs de la mise en scène réside dans l’utilisation permanente de la vidéo. Projections, incrustations, images en direct ou en différé : l’écran devient un personnage à part entière. Loin d’être un simple artifice, cet usage constant des images enrichit le propos, souligne la manipulation des masses par les médias et plonge le spectateur dans une expérience presque cinématographique. 

Le spectacle met en lumière la manière dont nos données, nos clics et nos habitudes se transforment en armes redoutables entre les mains de ceux qui savent les exploiter. C’est à la fois glaçant et salutaire, car il est essentiel que l’art parle de ces dérives contemporaines.

La troupe impressionne par son énergie et sa polyvalence. Six comédiens incarnent une multitude de personnages, passant de l’un à l’autre avec aisance. L’humour cinglant, utilisé avec parcimonie, apporte de véritables respirations dans une histoire aussi intense.

Big Mother interpelle, tant par son propos que par son esthétique. Mélody Mourey réussit le pari de conjuguer une réflexion sociétale brûlante d’actualité avec une mise en scène inventive et spectaculaire. C’est un théâtre qui secoue, qui alerte, mais qui captive du début à la fin.

Un spectacle de grande qualité qui, et c’est amplement mérité, fait salle comble depuis plus de deux ans.

 

A voir au Théâtre des Béliers

 

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Made in France

⭐⭐⭐⭐

Après tout ce temps passé à l’attendre derrière les barreaux, ça y est, Emile a obtenu sa peine aménagée. Dès demain, il passera ses journées à l’usine et ses nuits en centre de détention, de quoi rêver d’une sortie rapide pour bonne conduite. Problème : l’usine où il s’apprête à travailler délocalise. Émile n’a plus le choix : pour se sauver, il faut qu’il devienne le meilleur des syndicalistes, sauve l’usine, ses collègues et, peut-être, au passage, le pays tout entier. Made in France est un spectacle qui raconte le combat d’hommes et de femmes prêts à tout pour sauver l’industrie française... enfin... à tout, sauf à faire quelque chose.

Avec "Made in France", la compagnie La Poursuite du Bleu confirme son engagement artistique et citoyen. Après le remarquable "Coupures", elle revient avec une nouvelle création à la fois percutante et drôle. Le titre annonce la couleur: il sera question de politique et de société sur fond de désindustrialisation.

Servie par une écriture affûtée et un jeu d'acteurs toujours aussi juste, la pièce mêle intelligemment humour et réflexion. On retrouve cet humour qui faisait déjà le charme de leur précédent spectacle. La mise en scène, d'une grande ingéniosité, repose sur très peu d'éléments: une batterie (qui symbolise à la fois le vacarme des machines, la révolte ouvrière et permet de réaliser des effets sonores) et quelques grands panneaux noirs suffisent à recréer l’univers de l’usine.

Tout démarre par un savoureux quiproquo qui plonge le personnage principal dans une usine en grève, menacée de fermeture et de délocalisation. Ce point de départ donne aux auteurs l’occasion de tirer à boulets rouges sur tout un système: le patronat, les politiques, les investisseurs, les syndicalistes… Personne n’est épargné.

"Made in France" est une comédie politique aussi réjouissante qu'engagée. Elle amuse, révolte, interpelle et séduit. Les salles sont pleines et le public est conquis. Un succès pleinement mérité.

 

A voir au Théâtre de la Renaissance

 

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Fin, fin et fin

😳😳😳😳

La folle aventure de trois ami.e.s qui sont allé.e.s pique-niquer pendant la fin du monde.

Je crois bien avoir assisté au spectacle le plus indescriptible de ce festival. Une expérience théâtrale déroutante, excessive, absurde et profondément singulière. Le genre de proposition qui divise, qu'on adore ou qu'on déteste, mais qui ne laisse pas de marbre. Impossible pour moi de lui attribuer une note, mais tout aussi impossible de ne pas en parler.

Les comédiens, jeunes et talentueux , déploient une énergie hallucinante. Ils se jettent dans cette histoire avec un mélange de folie assumée et d’intelligence comique. C’est surprenant, souvent absurde, mais drôle, vraiment drôle.

Quant à l'histoire… que dire ? Avec "Fin, fin et fin", l’auteur ne se contente pas de bousculer les codes du théâtre, il les piétine. Ce spectacle ne ressemble à rien de connu. Peut-être même ne ressemble-t-il à rien du tout. Et pourtant, c’est d’une précision remarquable, foisonnant de trouvailles, d’humour, de chaos savamment orchestré, et d’une certaine profondeur malgré les apparences. 

Alors oui, certains spectateurs resteront totalement hermétiques à cette proposition radicale. D’autres y verront un coup de génie. Mais une chose est certaine: "Fin, fin et fin" ne laissera personne indifférent.

 

A voir au Théâtre Lepic

 

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La fleur au fusil

⭐⭐⭐

Quand son petit-fils l’interroge sur sa vie, Céleste, émigrée portugaise en France, convoques-en sa mémoire les souvenirs passés de sa jeunesse muselée par la dictature de Salazar…

Dans La Fleur au fusil, on découvre un pan de l’Histoire portugaise souvent méconnue: la Révolution des Œillets. Ce seul en scène, aussi touchant que vibrant, nous plonge dans le récit d’une grand-mère à son petit-fils, à qui elle révèle, avec tendresse, qu’elle a joué un rôle décisif dans cette révolution aux côtés de son futur mari.

La mise en scène, quasi chorégraphiée, est d’une grande fluidité et les transitions s’enchaînent avec élégance. 

Mais c’est surtout la performance du comédien qui impressionne. Seul sur scène, il incarne avec une aisance remarquable une galerie de personnages sans jamais tomber dans la caricature. Il passe d’un rôle à l’autre avec une précision bluffante. Il nous fait rire, nous touche, nous captive.

La Fleur au fusil est un bel hommage à ces héros anonymes qui changent le cours de l’histoire. Un spectacle simple, intelligent et profondément humain.

 

A voir au Théâtre de la Huchette

 

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Gagnant-gagnant

⭐⭐⭐

A la fois parodie de convention d'entreprise (avec un festival de loupés : problèmes techniques, dérapages verbaux, démissions en direct, interventions des syndicats, etc.) mais aussi véritable pièce de théâtre, car les discours se succèdent et créent une vraie histoire.

Bienvenue dans le monde merveilleux de l’entreprise… ou plutôt dans sa version la plus déjantée ! Avec Gagnant-Gagnant, le public est plongé dans une grande convention professionnelle où, très vite, tout dérape: les bugs techniques s'enchaînent tout comme les révélations croustillantes. Une satire enlevée qui fait mouche.

L’auteur de la pièce, également comédien principal, incarne avec brio un loser d’une maladresse sans nom, qu’il pousse jusqu’à l’absurde avec une précision réjouissante. Autour de lui, les autres comédiens, tous très convaincants, endossent plusieurs rôles avec une belle aisance et contribuent à maintenir un rythme soutenu tout au long du spectacle.

Certes, c'est un humour assez classique, mais force est de constater que ça fonctionne: les rires fusent dans la salle, les situations absurdes s’enchaînent sans temps mort, et certains passages sont franchement irrésistibles.

En somme, Gagnant-Gagnant est une comédie efficace, populaire, calibrée pour plaire au plus grand nombre. Une soirée sans prise de tête, parfaite pour ceux qui aiment les parodies bien rythmées et les fous rires en cascade.

 

A voir à la Comédie Bastille

 

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Le jeu de l'amour et du hasard

⭐⭐⭐✨

Pour sonder la sincérité de Dorante, qu’on lui destine sans l’avoir jamais rencontré, Silvia échange son habit avec sa servante Lisette. Ce qu’elle ignore, c’est que son prétendant a recours au même stratagème avec son valet Arlequin. Ainsi travestis, les deux couples seront donc les dupes de ce jeu de hasard et d’amour orchestré par le père de Silvia et son fils Mario. Parviendront-ils à sortir de ce cruel labyrinthe amoureux ? C’est évidemment tout l’enjeu de ce scénario génial, épuisant pour ceux qui en sont les victimes, réjouissant pour ceux qui les manipulent.

Terminer un festival intense par un spectacle d’1h45 à 21h45 n’était peut-être pas l’idée la plus brillante que j’aie eue. Et je le reconnais volontiers : mon état de fatigue a sans doute influé sur mon ressenti. Car si je n’ai pas été conquise de bout en bout, ce n’est pas tant à cause de la qualité du spectacle, loin de là, que du texte lui-même.
Sur le plan scénique, il n’y a pas grand-chose à redire. Les comédiens livrent une partition très maîtrisée, avec un vrai sens du rythme et une belle énergie. La mise en scène, résolument moderne, joue habilement avec les codes et réussit à dépoussiérer le Marivaux sans jamais le trahir. On sent une vraie proposition, cohérente et inventive, qui donne un coup de jeune à ce grand classique.
Là où je décroche un peu, c’est du côté de l’intrigue. Comme souvent chez Marivaux, les quiproquos amoureux s’étirent, les jeux de masques se prolongent, et la résolution se fait attendre… longtemps. Trop longtemps. La fin, en particulier, m’a semblé ne jamais vraiment arriver.
Mais je dois rester honnête: ce n’est pas tant la faute de la compagnie que de Marivaux lui-même. Si vous aimez l’auteur, ses mécaniques théâtrales et ses dialogues ciselés, cette adaptation vous ravira à coup sûr. Et si vous ne le connaissez pas encore, c’est sans doute l’une des meilleures manières de le découvrir aujourd’hui: dans une version vive, contemporaine, et portée par une troupe investie.

 

A voir au Théâtre des Mathurins

 

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L'heure des assassins

⭐⭐

La réussite est une chose étrange. Voyez-vous, ce soir, je signe mon retour triomphant en Angleterre. Tout le gratin de Londres sera là, pourtant il y aura bien un grand absent.
Moi, Philip Somerset. Vous ne me verrez pas car ce soir, je vais mourir. Oh détrompez-vous, cela ne me fait pas plaisir !
C'était une si belle soirée, j'étais entouré d'amis chers : Katherin ma soeur bien aimée, Hartford mon bras droit, Bram Stoker le directeur du théâtre, Georges Bernard Shaw le dramaturge, Miss Lime mon assistante, Arthur Conan Doyle le célèbre romancier.
Pourtant mon assassin est forcément parmi eux. Alors Qui ? Et si c'était simplement mon heure ?

Malheureusement, cette comédie policière ne m’a pas vraiment convaincue. Le terme de "comédie" me semble d’ailleurs un peu exagéré : les moments drôles sont rares, et les sourires, timides. L’intrigue met beaucoup de temps à se mettre en place, et quand elle décolle enfin, elle manque cruellement d’originalité. Quant aux personnages, ils peinent à susciter l’intérêt ou l’empathie.

Le seul véritable point fort du spectacle réside dans ses rebondissements, parfois inattendus, qui rappellent les mécanismes bien rodés des romans d’Agatha Christie. Cela dit, malgré quelques sursauts d’intérêt, je suis restée assez distante tout au long de la représentation.

Je ne dirais pas que j’ai passé un mauvais moment, mais cette pièce ne laissera clairement pas un souvenir marquant.

 

A voir à la Comédie de Paris

 

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Rose Royal

⭐⭐⭐⭐

Je m’appelle Rose. J’ai 50 ans. Je m’en fous, j’ai de beaux restes. Et avec les mecs, je sais me défendre. Je peux vous dire que le dernier type avec qui je suis sortie a eu chaud. Un soir, il matait le JT pendant que j’étais au téléphone. Il m’a dit :
« Mais tu vas fermer ta gueule !? »
Motif : je l’empêchais de mater Delahousse.
Et j’ai vu…La crispation sur son visage… Il allait m’en coller une. Le lendemain je m’offrais un calibre 38 et une boite de cartouche, 650 euros sur un site américain. Je m’appelle Rose. J’ai 50 ans. La peur doit changer de camp.

Adapté du roman éponyme, Rose Royal est un seul en scène intense, porté avec brio par une comédienne absolument bouleversante. Sur scène, seule, Anne Charrier incarne Rose, une femme d’une cinquantaine d’années, libre, indépendante, célibataire assumée et moderne.  Jusqu’au jour où elle croise la route de Luc, un homme apparemment sans histoire. Mais derrière les apparences se cachent parfois des pièges, et Rose, malgré sa lucidité, va peu à peu se retrouver embarquée dans un engrenage qu’elle s’était pourtant juré d’éviter.

Je ne connaissais pas Anne Charrier avant ce spectacle, et j’ai été littéralement scotchée par la puissance de son interprétation. Son jeu est d’une justesse et d’une retenue remarquables. Dans un seul en scène, les acteurs peuvent parfois  se laisser emporter dans un flot de paroles, mais ici, chaque mot trouve sa place, chaque silence résonne. On sent chez elle une vraie intelligence du texte et une capacité rare à transmettre les nuances d’un personnage complexe. Le texte est à la fois brut, sensible, et plein de sous-entendus. L’histoire prend son temps, installe une tension jusqu’à un final percutant, que je n’ai, personnellement, pas vu venir et qui m’a littéralement saisie.

Cette pièce n’est pas à mettre devant tous les yeux. Certains passages sont violents voire dérangeants. Ce n’est pas un spectacle confortable. Et pourtant, j'ai été suspendue aux lèvres de la comédienne du début à la fin. Rose Royal est de ces spectacles qui bousculent, qui dérangent. Il ne laissera personne indifférent, et c’est là, sans doute, sa plus grande force.

 

A voir au Studio des Champs Élysées 

 

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Y'a de la joie

⭐⭐⭐✨

Avant ça, j’avais essayé le bonheur avec un grand B : celui d’Instagram, des citations inspirantes et des méthodes de développement personnel. Résultat : j’ai coché toutes les cases… sauf celle du bonheur. Alors j’ai tenté de comprendre. J’ai lu, testé, et fait des rencontres… étonnantes ! Et je vous embarque dans cette quête drôle, sensible, et surtout joyeuse !

Michael Hirsch, c’est ce type doux, drôle et terriblement attachant qu’on a instinctivement envie d’écouter. Alors, difficile de résister à l’appel de son nouveau spectacle. Figure désormais familière du public avignonnais, il revient avec un seul en scène à la fois profond, tendre et délicatement drôle. Révélé au grand public notamment grâce à son rôle marquant dans Le Montespan, il confirme ici toute l'étendue de son double talent : c'est un excellent comedien et un auteur à la plume fine et intelligente. Dans ce spectacle, sans doute le plus personnel de sa carrière, Hirsch délaisse en grande partie les jeux de mots qui faisaient sa marque pour s’interroger sur une question aussi universelle que vertigineuse: "comment trouver (ou retrouver) la joie de vivre?". Le propos, nourri de vraies recherches scientifiques et philosophiques, est accessible. On rit souvent, on sourit beaucoup. Certains passages gagneraient peut-être à être plus resserrés, mais ces légers flottements n’entament en rien la sincérité du propos. Il en ressort une belle envie de savourer les petites choses, d’ouvrir nous aussi un petit carnet… Bref, de vivre.

 

A voir au Théâtre de l’œuvre 

 

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Le destin se moque des choix

⭐⭐⭐✨

Dans la salle d'attente des Urgences, Mathilde attend des nouvelles de son mari après un incendie, tandis que Pilar espère des réponses sur l’état de son fils après un accident. Face à la situation, elles se posent la même question : auraient-elles pu, un jour, faire un choix différent pour ne pas se retrouver ici ?

Il est difficile de définir cette pièce, tant elle alterne avec audace entre le drame et l'humour. Ce choix, pleinement assumé, peut parfois désarçonner, tout comme la construction narrative : deux histoires se déroulent en parallèle, et le spectateur passe une grande partie du spectacle à se demander comment elles finiront par se rejoindre.

J’ai, dans un premier temps, été déroutée, d’autant que le propos, souvent philosophique ("Sommes-nous réellement maîtres de notre destin ?"), ajoute une couche de complexité. Mais le final, extrêmement réussi, donne tout son sens à l’ensemble. L’écriture, fine et intelligente, se révèle assez remarquable. À la sortie, j’étais non seulement conquise par la chute de la pièce, mais aussi par la performance des comédiennes, capables de nous faire passer avec une grande justesse des larmes au rire. 

 

A voir au Théâtre Lepic

 

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La voix d'or

⭐⭐⭐⭐

En ce dernier jour de festival, difficile pour moi de soutenir mon attention sur tout un spectacle. Il faut donc que la pièce soit particulièrement rythmée et la mise en scène inventive pour me tenir en haleine, et c'est ce qu'a réussi à faire toute l'équipe de "La voix d'or". Je ne m'y attendais pas du tout mais j'ai beaucoup aimé. J'ai aimé l'histoire, la mise en scène, les chansons, les chorégraphies et surtout les artistes. Je dis artistes car ils chantent, ils dansent, ils jouent et certains font même des claquettes. Comment ne pas insister particulièrement sur la performance de Sandrine Seubille mais aussi sur celle de Grégory Benchenafi? Quelle intensité de jeu! J'ai été embarquée dans cette histoire aux multiples rebondissements et recommande à tous les amateurs de théâtre musical d'aller les voir sur scène.

 

A voir au Théâtre Rive Gauche

 

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Je m'appelle Georges, et vous?

⭐⭐

Je ne m'attarderai pas sur ce spectacle qui, loin d'être mauvais, ne m'a absolument pas fait rire, ce qui est bien dommage pour une comédie. Certes les comédiens ont de l'énergie et la mise en scène est originale, mais ce n'est pas le genre d'humour qui me plaît. Cependant, une bonne partie du public a ri de bon coeur, je suis juste passée totalement à côté.

 

A voir au Théâtre Actuel La Bruyère

 

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Intra-Muros

Ma seule et unique expérience Michalikienne s'étant soldée par un échec puisque je n'avais pas aimé "Le porteur d'histoire" (que j'ai revu et aimé depuis), je suis allée voir Intra Muros presque à reculons. Mais tout en me disant que l'histoire, plus proche de la réalité, m'intéressait.

J'ai adoré cette pièce. Mais ce qui est étrange c'est que je suis incapable de dire pourquoi. Oui les comédiens sont bons (mais aucun ne m'a vraiment bouleversée), oui l'histoire est belle, mais rien d'extraordinaire ou de bluffant dans ce spectacle. Et pourtant je n'ai pas vu les 1h45 passer... Je n'ai pas d'explication mais j'ai passé un moment fantastique et je conseille vivement cette pièce. Vous trouverez des arguments vous-même!

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Les frottements du coeur

⭐⭐⭐✨

Ce spectacle est une réussite. L'histoire (vraie) est bouleversante, la mise en scène est très belle et la présence d'une musicienne sur scène est une magnifique trouvaille et apporte un vrai plus. On ne peut qu'être touché par cette histoire et on pourrait se sentir révolté : comment une jeune femme de 29 ans peut se retrouver pendant des mois à l'hôpital à cause d'une grippe mal soignée? Mais ce n'est pas le chemin que la comédienne veut prendre. Ici aucune colère, pas de critique envers un personnel hospitalier pas toujours délicat. Non, on ne veut retenir que le positif. C'est une véritable ode à la vie, une leçon de résilience et de courage et surtout, c'est un spectacle drôle. Katia Ghanty joue son rôle, bien sûr, mais utilise ses vrais talents de comédienne pour incarner également tout ce personnel hospitalier qui lui a sauvé la vie. J'ai parfois été très touchée par certaines situations, mais je me suis également de temps en temps sentie mal à l'aise car je n'ai pu m'empêcher de m'imaginer à sa place et ressentir au fond de moi la souffrance qu'elle a dû elle-même ressentir. C'est un spectacle dur mais qui heureusement est abordé avec recul et humour. Il me paraissait également important de parler de l'après, et de la difficulté de se reconstruire après une telle épreuve, surtout quand tout le monde s'attend maladroitement à ce que l'on croque la vie à pleines dents. En cela, le texte m'aura fait réfléchir et le spectacle me semble très intéressant.

 

A voir au Théâtre des Gémeaux

 

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Va aimer!

⭐⭐⭐

Molière du meilleur seul en scène 2024, Eva Rami était présente pour deux représentations exceptionnelles à la Scala et j'ai sauté sur l'occasion. Sa marque de fabrique étant de raconter son parcours de vie en incarnant de multiples personnages qui ont jalonné son existence, elle ne fait pas exception dans ce spectacle. Son talent de comédienne est indéniable, la mise en scène est parfaite et le sujet abordé (les violences sexuelles) est fort et intime. Comme lors de son précédent spectacle, j'admire énormément la performance mais justement, je me demande si ce n'est pas un peu au détriment de l'émotion. En tous cas, j'ai eu du mal à être réellement touchée malgré la puissance du propos. Il n'empêche que c'est un spectacle d'une immense qualité et que le Molière est amplement mérité.

 

A voir à la Pépinière Théâtre

 

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Madame Fraize

Impossible pour moi de noter ce spectacle
 
Bienvenue en Absurdie! Un spectacle de Madame Fraize ça ne se raconte pas, ça se vit. Un spectacle de Madame Fraize c'est une expérience à part entière. Ne cherchez pas de message, de logique ni d'histoire, laissez-vous porter. Si vous adhérez à cet humour, vous passerez une excellente soirée. Si vous n'accrochez pas, le temps va vous paraître long car le comédien a le don de tirer et tirer et tirer un fil qui ne part de rien du tout. Il peut passer vingt minutes à vous parler d'un cerf volant ou d'une fontaine zen de Nature et Découvertes. Ce qui fait la richesse du festival, c'est qu'il y en ait pour tous les goûts et, au vu des réactions et rires des spectateurs, il y a vraiment un public pour l'humour absurde. Et en la matière, on ne fait sûrement pas mieux!

 

A voir à la Nouvelle Seine

 

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Classement sans suite

⭐⭐⭐✨

"Classement sans suite" est loin d'être le seul spectacle de cet Avignon à traiter des violences faites aux femmes mais c'est probablement le plus original. Ses choix en terme de mise en scène et de narration sont une véritable prise de risque payante. Le but ici n'est pas de raconter UNE histoire mais un maximum d'histoires, avec une variété de victimes allant du petit garçon à la femme mariée, en passant par la prostituée ou la jeune femme... C'est assez bien vu et l'éventail est très large. Il met également clairement en cause les institutions, les agresseurs (logique), les proches... Tout le monde en prend un peu pour son grade. Certains moments de "pauses volontaires" où le quatrième mur est brisé permettent, non seulement, d'apporter un peu de légèreté mais également d'autres axes de réflexion. Ce spectacle, écrit (il faut le noter) par un homme, a un côté didactique très intéressant qui permettra au plus grand nombre de se sentir concerné.

 

A voir à la Manufacture des Abbesses

 

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Le sublime sabotage

⭐⭐⭐✨

Je connaissais surtout Yohann Métay pour son talent incroyable d’improvisateur, capable de créer des moments magiques et uniques sur scène à chaque représentation. Mais avec "Sublime Sabotage", j’ai découvert un autre visage de cet artiste : un comédien complet, drôlissime, déjanté et surtout complètement barré, et c’est précisément ce qui rend ce spectacle si irrésistible !

Dès les premières minutes, j’ai su que j’assistais à l’un des débuts de spectacle les plus fous et déjantés du festival. On retrouve avec bonheur l’énergie et la spontanéité d’un improvisateur qui ne recule devant rien, mêlées à un vrai travail de comédien au service d’un univers totalement loufoque. Ensuite, c’est une succession non-stop de scènes plus folles et hilarantes les unes que les autres, avec des situations que Yohann sait étirer et exagérer avec un sens du rythme et de la nuance impressionnant. Le spectacle tutoie la folie, sans jamais basculer dans l’excès.

Que dire de ce fameux stage de clown ou de la fameuse danse de la communauté ? Ces moments sont des concentrés de joie pure et les rires fusent en continu pendant toute la durée du spectacle, 1h20 de bonheur communicatif.

Loin d’être un sabotage, ce spectacle est au contraire une bulle d’air frais et de bonne humeur dans un festival parfois chargé. Je ressors avec un grand sourire, le cœur léger, et surtout l’envie de crier haut et fort : "AMOUR, Yohann !"

Si vous cherchez une comédie complètement déjantée mais maîtrisée, capable de vous faire rire aux éclats du début à la fin, ne ratez surtout pas ce "Sublime Sabotage".

 

A voir à l'Européen

 

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Les trois mousquetaires

⭐⭐⭐✨

A l'heure où la plupart des compagnies ont tendance à faire le choix du seul en scène (probablement pour des raisons plus économiques qu'artistiques), autant dire que "Les trois mousquetaires" dénote dans le paysage théâtral avignonnais. Douze artistes multicasquette sur scène (comédiens et/ou musiciens, escrimeurs, chanteurs) nous offrent un véritable spectacle et nous en mettent plein les yeux. La mise en scène est superbe, les artistes sont extrêmement talentueux (mention spéciale pour Richelieu!) et on est complètement embarqués dans cette épopée folle qui nous emmène sur les routes de France et d'Angleterre. La musique jouée en live est, encore et toujours à mon goût, un vrai plus.

Adapter un roman de 800 pages en 1h35 n'est pas chose aisée. Certains passages mériteraient d'être plus détaillés pour ne jamais perdre le spectateur tant l'histoire est riche, mais c'est impossible au vu du format imposé par le genre théâtral. C'est donc une vraie réussite qui ravira les petits et les grands.

 

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Dolores

⭐⭐⭐

Comme souvent, la programmation du Théâtre Actuel nous propose un spectacle de qualité. Menée par un Olivier Sitruk époustouflant, "Dolores" nous raconte l'histoire extraordinaire de Sylvin Rubinstein, que l'on nous présente comme danseur de flamenco et tueur de nazis. Accrocheur, non? Le tout agrémenté de quelques moments de danse flamenco magnifiques. S'il m'a manqué un petit quelque chose que je ne saurais expliquer pour être un coup de coeur, la pièce n'en est pas moins un excellent spectacle que je conseille sans hésitation, en particulier quand on sait qu'il s'agit d'une histoire vraie. Incroyable!

 

A voir au Théâtre Actuel La Bruyère

 

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Une heure de philosophie

⭐⭐⭐

Quelle belle surprise que ce seul-en-scène de Christophe Delort ! Le pari était audacieux : nous faire découvrir la philosophie en un peu plus d’une heure, tout en la rendant accessible à tous, et en plus, en nous faisant rire. Pari relevé haut la main.

Ce spectacle est bien plus profond qu’on ne pourrait l’imaginer au premier abord. Il invite à réfléchir sur de nombreux aspects de la vie, sans jamais être pesant ni élitiste. L’énergie débordante du comédien, son aisance dans la communication avec le public et sa bonne humeur communicative font de cette heure un vrai moment de plaisir.

Christophe Delort parvient à rendre vivants les grands philosophes et leurs idées avec une simplicité et un humour qui captivent aussi bien les adolescents que les adultes. C’est une excellente introduction à la philosophie, qui donne envie d’en apprendre davantage. On en ressort grandi, avec l’esprit un peu plus éclairé et le sourire aux lèvres. Je recommande ce spectacle à tous ceux qui souhaitent allier culture et divertissement.

 

A voir au Théâtre des 3 clés 

 

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Frère(s)

⭐⭐⭐

Encore une très belle découverte aujourd’hui, un peu par hasard en feuilletant le catalogue du festival. J’ai été immédiatement touchée par ces deux personnages auxquels on s’attache profondément. Leur amitié, née sur les bancs du CAP, traverse les épreuves du temps et du milieu impitoyable de la restauration. Mais à mesure que leur parcours professionnel avance et que les ambitions personnelles prennent le dessus, ce lien fort se fissure doucement, avec toute la complexité et la douleur que cela implique.

Ce spectacle offre aussi un éclairage rare et précieux sur le quotidien souvent méconnu des restaurateurs : un univers de passion, de sacrifices et d’abnégation. Pour ma part, je n’avais jamais vu une pièce qui plongeait aussi authentiquement dans ce monde exigeant, ce qui a rendu l’histoire d’autant plus captivante.

La mise en scène, particulièrement inventive, soutient parfaitement le récit et les émotions, tandis que les comédiens, impeccables, incarnent avec justesse et sensibilité leurs personnages respectifs, parfois même dans plusieurs rôles, ce qui ajoute à la richesse de la représentation.

En résumé, c’est un spectacle à la fois touchant et instructif, qui saura séduire autant les amateurs de théâtre que ceux qui s’intéressent à la réalité derrière les fourneaux. Je vous le recommande vivement !

 

A voir au Théâtre Lepic

 

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Kessel, la liberté à tout prix

Que dire? La performance du comédien n'est absolument pas à remettre en cause, il est même très bon. Je n'ai juste pas du tout été intéressée par l'histoire, aussi bien narrée soit-elle et le temps m'a paru très long. Mais à en voir les réactions de la plupart des gens du public, d'autres ont adoré. Je suis juste passée à côté.

 

A voir au Théâtre Actuel La Bruyère

 

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On va tous être d'accord... ou pas

⭐⭐⭐✨

J’ai passé un très bon moment devant ce seul-en-scène porté par Marie Bô, qui se livre avec une grande sincérité. Elle y partage son parcours de vie touchant, empreint d’émotion et ponctué d'humour. Au-delà de son récit personnel, elle propose une réflexion très pertinente sur la tendance à vouloir nous enfermer dans des cases, ainsi que sur la difficulté de s’affirmer dans une société qui, bien que plus ouverte à l’homosexualité, reste encore imprégnée de nombreux clichés."

Si certaines personnes déjà bien informées pourraient regretter certains passages un peu didactiques dans le genre "LGBT+ pour les nuls", ils sont pourtant utiles afin que que le spectacle s'adresse au plus grand nombre. 

Le message transmis déborde d’humanité, et est à la fois essentiel et profondément émouvant. La scène finale se distingue par son intensité : elle bouleverse autant qu’elle fait réfléchir. En conclusion, "on va tous être d'accord... ou pas" est un spectacle à la fois engagé, touchant et drôle.

 

A voir au Point Virgule à Partir d'octobre

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Passeport

⭐⭐⭐⭐

Issa, jeune Érythréen laissé pour mort dans la « jungle » de Calais, a perdu la mémoire. Alors que le seul élément tangible de son passé est son passeport, il entame une longue quête semée d’embûches afin d’obtenir un titre de séjour, entouré de compagnons d’infortune.

J’ai enfin eu le plaisir de découvrir Passeport, et le verdict est sans appel : c’est une pièce remarquable. On y retrouve les ingrédients emblématiques du théâtre d’Alexis Michalik – un rythme soutenu, une mise en scène ingénieuse et un dénouement inattendu. Impossible de décrocher tant le récit regorge de péripéties et que les histoires des personnages, finement entremêlées, captivent et émeuvent.

Ce qui m’a particulièrement frappée, c’est la manière dont l’auteur parvient encore à explorer de nouvelles thématiques tout en conservant ce qui fait la force de son univers. Passeport est sans doute son œuvre la plus engagée à ce jour, mais elle ne verse jamais dans le manifeste militant. Il s’agit avant tout du parcours profondément humain d’un homme en quête de soi, traité avec finesse et sensibilité.

Les comédiens sont excellents, notamment Jean-Louis Garçon, bouleversant dans le rôle d’Issa, et Kevin Razy, qui insuffle une dose d’humour bien dosée et bienvenue. Si le propos est fort, il n’est jamais pesant : la pièce touche par son humanisme bien plus qu’elle ne cherche à faire la leçon.

Une œuvre aboutie, intelligente et profondément humaine que je recommande sans hésiter.

 

A voir au Théâtre de la Renaissance

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Orgueil et préjugés... ou presque

⭐⭐⭐⭐

"Orgueil et préjugés... ou presque !", l'adaptation décalée et pop du célèbre roman de Jane Austen, arrive enfin à Paris!l Accompagnées d'une musicienne, 5 comédiennes nous racontent avec humour les péripéties des soeurs Bennet, du point de vue des domestiques.

Si vous cherchez un spectacle déjanté, drôle et plein d’énergie pour clore votre soirée, "Orgueil et préjugés... ou presque" est fait pour vous. Cette adaptation est un concentré de folie, portée par une mise en scène rythmée comme un ballet parfaitement orchestré. Il faut saluer la prouesse d’avoir transposé une œuvre aussi riche avec autant d’inventivité. 

Sur scène, cinq comédiennes brillantes incarnent tour à tour plusieurs personnages, avec une aisance et une précision remarquables. Difficile de mettre en avant l’une plus que l’autre tant elles sont toutes excellentes, chacune apportant sa touche unique à cet univers burlesque. Mention spéciale également à la musicienne, subtilement intégrée à la mise en scène : bien plus qu’un accompagnement sonore, elle devient un personnage à part entière, contribuant à l’esprit décalé de la pièce. Je ne regrette que les quelques vulgarités qui me semblaient évitables. 

Il n’est pas nécessaire d’avoir lu le roman ou vu ses adaptations pour savourer pleinement le spectacle, même si cela peut ajouter une touche de plaisir supplémentaire en percevant les clins d’œil et les écarts assumés. J’ai énormément ri et ai été particulièrement impressionnée par la fluidité des transitions et la rapidité des changements de costume.

En somme, un véritable bijou d’humour absurde et une performance de haut vol de toute l'équipe à ne manquer sous aucun prétexte !


À voir au Théâtre Saint Georges

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ADN

⭐⭐⭐⭐

À la suite d’un test ADN, Tomas découvre qu’il n’est pas le père de son bébé, mais son oncle. Seulement, à sa connaissance, il n’a pas de frère. Le jour où sa mère est prête à lui faire des révélations, Tomas la retrouve assassinée.

ADN est un spectacle assez unique. Tout d'abord, impossible ne pas commencer une critique de cette pièce sans mettre l'accent sur la prouesse du metteur en scène Sébastien Azzopardi. Car pour parvenir à retranscrire cette histoire sur scène et faire défiler un nombre incalculable de décors de manière si fluide, il faut un allier talent et ingéniosité. La nomination aux Molières dans la catégorie "Meilleure création visuelle et sonore" est totalement méritée et une dans la meilleure mise en scène n'aurait pas été volée.

S'il me paraît important de mettre en lumière la mise en scène, j'ai également beaucoup aimé l'idée du spectacle. C'est d'ailleurs la première raison pour laquelle je suis allée voir cette pièce, car les thrillers au théâtre sont assez rares. Inspirée de faits réels mais largement romancée, cette histoire incroyable tient les spectateurs en haleine de la première à la dernière seconde. Le final est même totalement inattendu et j'ai été scotchée par la beauté de la dernière scène, que je ne révélerait évidemment pas. 

Enfin, j'ai eu la bonne surprise d'assister à un spectacle drôle et immersif. Comme dans "Dernier coup de ciseaux", Azzopardi a pris un malin plaisir à intégrer par petites touches le public qui ne demande que ça. J'ai beaucoup ri et je trouve judicieux d'avoir pris le parti de dédramatiser le propos avec une écriture parfois plus légère. 

En résumé, ADN est un spectacle surprenant, intense, haletant et très amusant lors duquel le spectateur va de surprise en surprise et se laisse embarquer dans cette folle histoire avec un immense plaisir.

A voir au Théâtre Michel

 

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C'est pas facile d'être heureux quand on va mal

⭐⭐⭐⭐✨

Nora et Jonathan sont en couple depuis  bien trop longtemps. Et c’est nul. Maxime  quant à lui fait des partouzes pour  rencontrer l’homme de sa vie. Et c’est nul  aussi. Timothée lui, pense qu’il est  heureux, alors que sa vie est nulle. Jeanne  a une vie bien nulle, mais par contre elle  le sait.

Le titre et le pitch du spectacle étaient prometteurs et le fait qu'il ait été récompensée par deux Molières (meilleure comédie et meilleur auteur) l'an dernier m'a poussé à dépasser mes à prioris sur les comédies. Quelle bonne idée! J'ai trouvé l'écriture excellente avec, comble du bonheur pour moi, une petite pointe d'humour noir bien sentie. Les personnages, névrosés et caricaturaux à souhait, sont au mieux agaçants, au pire odieux. On peut donc les détester sans aucun remords et c'est un vrai exutoire. Mais pour jouer ce genre de personnages, il faut des comédiens à la hauteur. Le casting est parfait! Impossible pour moi d'en ressortir un du lot tant ils sont chacun brillants dans leur interprétation. Un immense bravo à eux et à l'auteur.

A voir au Théâtre Tristan Bernard 

 

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Le cercle des poètes disparus

⭐⭐⭐⭐✨

"Oh Capitaine, mon capitaine!". Voilà une réplique qui aura marqué tout une génération. Et dire que le film dont elle est tirée date de 1989! Près que quarante ans plus tard, Tom Schulman s'est lancé le pari fou d'adapter cette oeuvre au théâtre. C'est osé mais le défi est relevé avec brio. Non seulement la pièce retranscrit parfaitement l'histoire d'origine, mais la voir se dérouler sous nos yeux est un pur bonheur. Certes, ce professeur représente une vision totalement idéalisée et utopique du métier, mais quelle performance de Stéphane Freiss! Quel charisme! J'avais déjà été totalement bouleversée par son rôle dans "Le fils" et j'ai eu un plaisir fou à le retrouver sur scène. Il y est entouré d'une bande de jeune comédiens très prometteurs qui apportent un vrai vent de fraîcheur et, en particulier, celui qui a reçu le Molière de la révélation masculine : Ethan Oliel. Le message, ce fameux CARPE DIEM, est universel et intemporel et parlera à tout le public. C'est poétique, philosophique et ça déborde d'une énergie positive qui donne le sourire aux lèvres. 

J'ai eu la chance de voir ce spectacle avec le casting d'origine et je sais que les comédiens qui jouent à Paris ont changé mais, vu la qualité de l'oeuvre, nul doute qu'il vaut encore la peine de se précipiter au Théâtre Antoine pour aller les applaudir.

A voir au Théâtre Libre

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Adel Fugazi : Pause

⭐⭐⭐✨

Je suis de moins en moins fan de one man show car j'ai l'impression de voir toujours le même spectacle. Seuls quelques humoristes trouvent encore grâce à mes yeux. J'étais cependant très curieuse de découvrir Adel Fugazi sur scène, lui que j'avais connu grâce à un sketch qui m'avait fait mourir de rire lors de son passage dans l'émission Comedy Class. Je suis ravie d'avoir retrouvé l'univers qui m'avait tant plu. Un univers complètement barré, loin des standards du stand up, que ne renierait pas le génialissime Yacine Belhousse. Mais Adel a toutefois un style qui lui est propre et qui lui permet de se démarquer des dizaines d'humoristes qui écument les comedy clubs chaque soir. Il a également un don pour aller jusqu'au bout de ses blagues et un sens du rythme qui est indispensable pour réussir à emporter l'adhésion du public. J'ai ri un bon nombre de fois, j'ai beaucoup aimé ce que dégage le comédien et je ne regretterai que la présence un peu trop fréquente d'humour "pipi-caca" qui, certes, a son public, mais qui n'est pas ce que je préfère. Il n'empêche que j'ai passé une très bonne soirée et que le reste des spectateurs également.

 

A voir à La Comédie de Paris

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Les marchands d'étoiles

❤️❤️❤️❤️❤️
Coup de coeur

 

Raymond Martineau, le patron qui semble tout droit sorti d'une pièce de Pagnol, ne réussit pas à imposer son autorité à sa fille. A sa femme non plus, d'ailleurs. Et puis il y a aussi Joseph, son plus jeune employé, dont le père est breton mais dont la mère est juive. Et enfin il y a Louis, son plus vieil employé, dont le nouvel ami est un collabo de la pire espèce. Mais à part ça... La vie poursuit son cours.

 

Comment ne pas être conquis par cet excellent spectacle? Tout d'abord, malgré le sujet, on rit beaucoup, en particulier grâce au personnage du père magnifiquement incarné par l'excellent (et le mot est faible) Guillaume Bouchède. On est également ému par l'amour qui transpire de cette famille au sens large qui se bat avec les moyens du bord pour survivre en temps de guerre et de restrictions et doit parfois s'asseoir sur certains principes dans cette période difficile. Mais surtout, on est tenus en haleine car la tension dramatique augmente au fur et à mesure de l'intrigue jusqu'à un climax surprenant, dramatique et très émouvant. Chaque comédien apporte sa pierre à l'édifice et est extrêmement juste dans son interprétation. Une petite pensée pour Nicolas Martinez pour sa parfaite incarnation d'un personnage si odieux. Humour + émotion + suspense + comédiens épatants... Le combo magique pour un spectacle parfait. Évidemment, impossible de ne pas faire un parallèle avec d'autres pièces ayant déjà abordé la même thématique avec succès tels que "Adieu Monsieur Haffman" ou "Le petit coiffeur". "Les marchands d'étoiles" se hisse largement à leur hauteur, voire les dépasse à mon goût par ses rebondissements et sa faculté à réussir à nous faire rire dans des moments pourtant d'immense tension. Un petit bijou à voir de toute urgence qui fera probablement salle comble jusqu'à la fin du festival.
 
A voir au Théâtre du Splendid

 

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Numéro deux

⭐⭐⭐⭐

En 1999 débutait le casting pour trouver le jeune garçon qui allait interpréter Harry Potter et qui, par la même occasion, deviendrait mondialement célèbre. Des centaines de garçons furent auditionnés. Finalement, il n’en resta plus que deux. Ce spectacle raconte l’histoire de celui qui n’a pas été choisi.

 

Dans la salle, où il n'y a plus le moindre strapontin disponible, s'installent des spectateurs de tous âges, probablement attirés par la promesse d'une ambiance Harry Potteresque. Il faut dire que le pitch de la pièce est alléchant. Potterhead dans l'âme, c'est également l'envie de revoir sur scène Axel Auriant, que j'avais découvert et tant aimé dans "Une vie sur mesure", qui attise ma curiosité. Dix minutes avant le spectacle, dans un décor digne de Poudlard, défilent sur un petit écran des reportages mettant l'accent sur la folie Potter. Les ouvreuses, vêtues de leur plus bel uniforme aux couleurs de Serpentard, ferment les portes. 

Une heure et demie plus tard pas de déception: j'ai beaucoup aimé. La mise en scène est grandiose et les comédiens excellent chacun dans leur style. Tout d'abord, un Axel Auriant habité incarne à la perfection Martin Hill, cet enfant torturé au destin pas si banal. Les trois autres campent une galerie de personnages tous plus loufoques les uns que les autres et apportent cette folie qui fait mouche. On rit beaucoup et les clins d'oeil à l'univers de J.K Rowling sont omniprésents. Cerise sur le gâteau, la pièce est plus profonde que ce que l'on pourrait croire puisqu'elle nous pousse également à réfléchir à ce qu'engendre la gloire au-delà des strass et des paillettes. Entre fiction et un petit quelque chose de réalité (il a bien dû y avoir un petit garçon qui n'a pas été choisi sur des détails), cette comédie familiale, non dénuée de moments d'intense émotion, ravira les petits et les grands.

A voir au Théâtre Tristan Bernard



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Nos années parallèles

Coup de cœur

♥️♥️♥️♥️♥️

Une mère et son fils racontent leur parcours étonnant, tendre et mouvementé.
Deux regards posés sur le temps qui passe.
Deux vies qui se croisent : l'une qui commence, l'autre qui s'éteint.
Nos années parallèles c'est l'histoire d'un amour universel, d'un lien indestructible.

 

Quel bonheur de retrouver ce spectacle après deux ans! N’y allons pas par quatre chemins, il est parfait: drôle, émouvant, surprenant, triste, joyeux... Tout d’abord, le choix du théâtre musical apporte énormément de tendresse et la qualité des chansons n’y est pas étrangère. Les comédiens, n’ayons pas peur des mots, sont extraordinaires. Alexandre Faitrouni est si sincère et touchant qu’on en a plusieurs fois les larmes aux yeux. Quant à Valérie Zaccomer, elle est simplement bouleversante. La mise en scène de Virginie Lemoine est, comme toujours sobre et astucieuse. Cerise sur le gâteau, et qui rend l’ensemble encore plus émouvant, l’auteur de la pièce autobiographique et des chansons, Stéphane Corbin, est également sur scène et joue les mélodies en direct. On imagine son émotion de voir se dérouler devant ses yeux l’histoire de sa vie. "Nos années parallèles" est un bijou et sans aucun doute l’un des spectacles à voir de ce festival d’Avignon. N’hésitez pas une seule seconde!  

 

A voir au théâtre de la Gaîté Montparnasse

 

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Oublie-moi

Coup de coeur

❤️❤️❤️❤️❤️

Il était une fois une histoire d'amour entre Jeanne et Arthur. Une histoire parfaite. Parfaite jusqu'à ce que Jeanne demande à Arthur d'aller acheter du lait et un timbre. C'était pourtant simple à retenir.

Il était une fois une histoire d'amour qu'Arthur aurait aimé ne jamais oublier.

 

Je viens d'assister à la toute première représentation d'une pépite qui, j'en suis certaine, va faire parler.

"Oublie-moi" c'est avant tout une histoire d'amour, un véritable amour à l'épreuve de la maladie. Il explore la question suivante: comment réagir quand l'être aimé devient peu à peu un inconnu? Le sujet d'Alzheimer, certes lourd, est traité avec beaucoup de finesse et même d'humour. L'histoire est magnifique. L'amour profond qui unit les deux personnages, la résilience admirable de cette femme face à cette souffrance, cette fin pleine de poésie... C'est un tourbillon d'émotions qui m'ont traversée pendant plus d'une heure.

Et que dire des comédiens? La justesse de leur jeu et l'émotion qu'ils parviennent à nous transmettre tout au long de cette descente aux enfers m'ont bouleversée.

Je suis convaincue que le bouche à oreilles va rapidement fonctionner alors je ne peux que vous conseiller de vous précipiter au Théâtre Actuel avant qu'il ne soit trop tard.

 

A voir au Théâtre Actuel La Bruyère

 

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Karim Duval : entropie

⭐⭐⭐

Au fur et à mesure que les années passent, le one man show est un style de spectacle qui m'attire de moins en moins. Il subsiste tout de même quelques humoristes qui continuent à susciter mon intérêt et Karim Duval en fait partie. Tout simplement car je le trouve différent. Ici pas de jeux de mots faciles, pas de clichés vus et revus, les thématiques sont originales et l'écriture est intelligente. D'ailleurs, qui utilise le mot Entropie dans un spectacle d'humour de nos jours? Et en plus, c'est drôle. En somme, s'il y avait un stand up à aller voir, je conseillerais sans hésiter celui-ci.

 

A voir à la Gaîté Montparnasse

 

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La disparition de Josef Mengele

❤️❤️❤️❤️❣️

Coup de coeur

1949 : Josef Mengele débarque à Buenos Aires. Caché sous une fausse identité, l'ancien médecin tortionnaire d'Auschwitz croit pouvoir s'inventer une nouvelle vie. L'Argentine de Juan et Evita Perón est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. C'est l'errance de Josef Mengele en Amérique du sud jusqu'à sa mort mystérieuse sur une plage du Brésil en 1979. Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet pendant trente ans et jouir d'une telle impunité ?

 

Premier petit coup de coeur de ce festival pour ce seul en scène bouleversant de Mikaël Chirinian. Le comédien nous livre une performance époustouflante (dans la lignée de ce qu'il avait fait dans "la liste de nos envies" ou "l'ombre de la baleine"). Il ne se contente pas de délivrer le texte du livre du même nom, il incarne ce personnage abject, "l'ange de la mort" d'Auschwitz, avec une interprétation tellement puissante qu'on en reste scotché. On déteste cet homme, on vomit les propos tenus et sa lâcheté et on est révolté d'apprendre qu'il a toute sa vie échappé à la justice. De la première à la dernière seconde, le public est tenu en haleine et ne peut que se lever d'un seul homme à la fin pour acclamer l'artiste. Sans aucun doute, ce spectacle, qui résonne particulièrement dans le contexte actuel, sera complet tout le festival et Mikaël Chirinian sera tôt ou tard dans la course aux Molières.

 

A voir à La Pépinière Théâtre

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Du charbon dans les veines

⭐⭐⭐

1958, à Noeux-Les-Mines, petite ville minière du Nord de la France. Pierre et Vlad sont les deux meilleurs amis du monde.
Ils partagent tout leur temps en creusant à la mine, en élevant des pigeons-voyageurs et en jouant de l'accordéon dans l'orchestre local dirigé par Sosthène "boute en train-philosophe de comptoir", personnage central de cette petite sphère joviale et haute en couleurs malgré la poussière du charbon.

À partir du jour où Leila vient jouer de l'accordéon dans l'orchestre, le monde des deux meilleurs amis ne sera plus le même...

 

Véritable succès depuis le début du festival (et complet jusqu'au dernier jour), j'attendais énormément de ce spectacle devant lequel j'espérais verser enfin une petite larme. C'est peut-être parce que j'en attendais beaucoup que je suis restée un peu sur ma faim. Ne nous y trompons pas, c'est un très beau spectacle, très bien joué (magnifique performance de Jean-Jacques Vannier), avec une mise en scène à la Daguerre. C'est propre et probablement moliérisable. Mais il m'a manqué un petit quelque chose pour ressentir de l'émotion. Je ne peux pas dire que je ne recommande pas cette pièce car je pense qu'il s'agit d'un spectacle qui plaira à tous, mais j'en attendais un peu plus.

 

A voir au Théâtre du palais Royal

 

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The loop

⭐⭐⭐⭐✨

Sale affaire...

Le maire Mitchel n'a pas de chat mais son fils Mike est accusé de meurtre. Et celui-ci a beau être futé comme un bison, toutes les preuves l'accablent. Défendu par l'avocate véreuse de la famille, va t-il s'en sortir face aux assauts répétés de Douglas et Carrie, deux flics incorruptibles bien décidés à le faire tomber ?

La théorie du Chaos dit qu'un battement d'ailes de papillon en Sicile peut provoquer une tempête au Kansas. Les quatre protagonistes vont l'éprouver, enfermés dans une boucle temporelle aux allures de tempête délirante.

C'était pas le jour pour arrêter l'arabica...

 

Très attendu depuis son succès avec "No Limit", Robin Goupil ne déçoit pas. Je dirais même que j'ai largement préféré "The loop". Pas besoin de chercher un message politique caché dans cette pièce, c'est du pur divertissement. A la manière de "Qui a tué Pamela Rose?", nous sommes envoyés dans un commissariat américain et une enquête pour meurtre va être confiée à deux inspecteurs complètement déjantés. La vraie originalité est l'utilisation de la théorie de l'effet papillon pour faire rejouer cet interrogatoire trois fois en modifiant un ou deux détails qui peuvent sembler insignifiants mais qui auront pourtant des conséquences sur l'enquête, emmenant cette scène dans des sphères de plus en plus délirantes. C'est très malin et surtout hilarant. Comment ne pas mettre en lumière les comédiens et en particulier les comédiennes à qui on a donné les meilleurs rôles avec, personnellement, un petit faible pour Juliette Damy et sa prestation irrésistible! Vous sortirez de là le sourire aux lèvres. Il est probable que le spectacle soit complet jusqu'à la fin du festival je lui prédis une très longue vie ponctuée de succès parisien, nomination aux Molières et tournée triomphale! Ce serait amplement mérité.

 

A voir au théâtre du Petit Montparnasse

 

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Le pire premier rencart de l'histoire

⭐⭐⭐

Premier rencard entre Corinne et Marc.
Ils n'ont pas l'air spécialement faits l'un pour l'autre.
D'ailleurs, ils n'ont même pas l'air d'avoir envie d'être là.
La serveuse et le patron du bar ont leurs propres problèmes.
Le monde aussi.
Et puis ça empire.

Est-ce qu'on peut encore rencontrer des gens nouveaux quand tout le monde a ses raisons d'être en colère ?

La nouvelle comédie de l'auteur de "À suivre", "aPhone" et "On en est là" aimerait vous répondre que oui... mais c'est pas gagné.

 

Je n'ai pas l'habitude de faire la promotion d'une comédie. Je vais déroger à ce principe parce que, pour une fois devant ce genre de spectacle, j'ai passé un très bon moment. J'ai même ri plus d'une fois. Le sujet, loin d'être inintéressant, est une critique assez bien vue de pas mal d'aspects de notre société. Les comédiens sont chacun très convaincants dans leur rôle et campent des personnages tous très différents, tantôt odieux, tantôt touchants, mais très bien écrits et interprétés. Chacun pourra retrouver un peu de lui dans l'un ou plusieurs d'entre eux, même si, comme dans toute bonne comédie, ils sont très caricaturaux.
En tous cas, si vous cherchez un spectacle divertissant mais également intelligent, n'hésitez pas et allez assister au pire premier rencart de l'histoire.
 
A voir au Café de la gare.

 

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Le porteur d'histoire

⭐⭐⭐✨

Par une nuit pluvieuse, au fin fond des Ardennes, Martin Martin doit enterrer son père. Il est alors loin d'imaginer que la découverte d'un carnet manuscrit va l'entraîner dans une quête vertigineuse à travers l'Histoire et les continents.

Quinze ans plus tard, au coeur du désert algérien, une mère et sa fille disparaissent mystérieusement.
Elles ont été entraînées par le récit d'un inconnu, à la recherche d'un amas de livres frappés d'un étrange calice, et d'un trésor colossal, accumulé à travers les âges par une légendaire société secrète.

 

Voilà 10 ans qu'Alexis Michalik a remporté deux Molières pour ce spectacle et il continue à remplir des salles. Il est donc impossible de ne pas louer la qualité de l'écriture, des comédiens et de la mise en scène de cette pièce. L'horaire tardif, un strapontin très inconfortable, la fatigue accumulée depuis 15 jours, le tout ajouté à la complexité de l'histoire... Tous les ingrédients étaient réunis pour que je passe un moment difficile. Et pourtant, j'ai aimé. Cependant, que c'est compliqué! D'ailleurs, je suis vraiment preneuse d'explications sur la fin bien que, si j'ai bien compris, il semble qu'il y ait volontairement plusieurs analyses possible. Voilà bien mon bémol: j'aime comprendre et, s'il est facile de se laisser emporter par cette histoire, je n'aime pas sortir avec autant de questionnements.
Je paie à priori mon inculture et ma méconnaissance du Comte de Monte Cristo.

 

A voir au théâtre du Petit Montparnasse

 

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Le secret de Sherlock Holmes

⭐⭐⭐✨

Un cadavre a été découvert sur les bords de La Tamise... C'est du reste cette affaire qui liera à jamais le destin des deux hommes et les fera entrer dans la légende.

Intrigues haletantes, énigmes inextricables, révélations historiques, duels sanglants, affrontements pétris de vengeance, "Le Secret de Sherlock Holmes" fait ainsi la part belle à des coups de théâtre spectaculaires, à des événements loufoques et à des moments aussi grand-guignolesques que romantiques.

Bourrée d'humour et de suspense, cette comédie policière aux couleurs cinématographiques est aussi un véritable clin d'oeil à la magie populaire du grand écran. Somptueux costumes d'époque, décors flamboyants, mise en scène ébouriffante, interprétation tonique et texte puissant... offrent au public un spectacle fédérateur et palpitant d'une rare intensité. Une véritable pépite !

J'avais vu il y a quelques années un autre Sherlock Holmes et on se retrouve dans le même genre de pièce: une comédie basée sur des personnages un peu caricaturaux mais c'est réussi et drôle. Le décorum est excellent avec cette fausse gazette distribuée aux spectateurs au moment de retirer leurs places, la mise en scène est réussie et les comédiens sont convaincants. Mention spéciale pour le personnage burlesque de l'inspecteur Lestrade qui remplit son rôle à merveille. C'est une comédie tout public qui plaira à toute la famille. Je recommande sans hésitation pour passer un bon moment.

 

A voir au Café de la gare

 

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