Passeport
⭐⭐⭐⭐
Issa, jeune Érythréen laissé pour mort dans la « jungle » de Calais, a perdu la mémoire. Alors que le seul élément tangible de son passé est son passeport, il entame une longue quête semée d’embûches afin d’obtenir un titre de séjour, entouré de compagnons d’infortune.
J’ai enfin eu le plaisir de découvrir Passeport, et le verdict est sans appel : c’est une pièce remarquable. On y retrouve les ingrédients emblématiques du théâtre d’Alexis Michalik – un rythme soutenu, une mise en scène ingénieuse et un dénouement inattendu. Impossible de décrocher tant le récit regorge de péripéties et que les histoires des personnages, finement entremêlées, captivent et émeuvent.
Ce qui m’a particulièrement frappée, c’est la manière dont l’auteur parvient encore à explorer de nouvelles thématiques tout en conservant ce qui fait la force de son univers. Passeport est sans doute son œuvre la plus engagée à ce jour, mais elle ne verse jamais dans le manifeste militant. Il s’agit avant tout du parcours profondément humain d’un homme en quête de soi, traité avec finesse et sensibilité.
Les comédiens sont excellents, notamment Jean-Louis Garçon, bouleversant dans le rôle d’Issa, et Kevin Razy, qui insuffle une dose d’humour bien dosée et bienvenue. Si le propos est fort, il n’est jamais pesant : la pièce touche par son humanisme bien plus qu’elle ne cherche à faire la leçon.
Une œuvre aboutie, intelligente et profondément humaine que je recommande sans hésiter.
A voir au Théâtre de la Renaissance