⭐⭐⭐

Dans le Paris des années 20, l’histoire folle de trois opératrices des PTT qui ont lancé le téléphone rose!

Quel meilleur moyen de lancer le festival qu’avec une comédie à la fois pétillante, légère, tendre et un brin impertinente ? Enfin… légère, pas tout à fait ! Derrière les apparences, un propos plus engagé émerge subtilement : celui de la condition féminine et plus largement du féminisme.

Plongés dans les années 1920, juste après l’horreur de la guerre, on suit avec plaisir les péripéties de trois femmes aussi différentes qu’attachantes. Leur quotidien, régi par par les normes de l’époque (autorité paternelle omnipotente, liberté de penser quasi inexistante, métiers subalternes) est bouleversé lorsqu’elles découvrent par hasard les défis du téléphone rose.

Le propos est audacieux : raconter l’émancipation féminine à une époque où elle semblait impossible. On rit beaucoup, on est parfois touché, et on ressort charmé par ce spectacle enlevé, drôle et bien mené.

Attention, mieux vaut éviter d’y emmener les plus jeunes, certaines scènes étant un peu... croustillantes !

⭐⭐⭐⭐✨

Très attendu après son succès avec No Limit, Robin Goupil ne déçoit pas. Je dirais même que The Loop m’a encore plus séduite. Inutile de chercher un message politique caché ici : c’est du pur divertissement, intelligent et jubilatoire.

À la manière de Qui a tué Pamela Rose ?, on est plongé dans un commissariat américain, où une enquête pour meurtre est confiée à deux inspecteurs complètement déjantés. La vraie originalité tient dans l’utilisation brillante de la théorie de l’effet papillon : l’interrogatoire est rejoué trois fois, chaque fois avec une ou deux variations apparemment mineures… mais qui entraînent des conséquences de plus en plus folles. Le tout vire au délire dans une mécanique narrative parfaitement maîtrisée.

C’est très malin. Et surtout : hilarant.

Difficile de ne pas saluer les comédiens, avec une mention spéciale pour les comédiennes à qui l’on a confié les meilleurs rôles. J’avoue un petit faible pour Juliette Damy, irrésistible à chaque apparition.

Vous sortirez le sourire aux lèvres. Et un conseil : réservez vite. Le spectacle risque d’afficher complet jusqu’à la fin du festival et à mon avis, ce n’est que le début. Je lui prédis une longue vie : succès parisien, nomination aux Molières, tournée triomphale… Ce serait amplement mérité.

Edit: ce spectacle a effectivement eu un immense succès toute l'année et a obtenu le Molière de la meilleure comédie. Mon instinct ne m'a pas trompée...

A voir au Théâtre des Béliers à 22h30

⭐⭐⭐

En voilà un spectacle original ! Dès les premières minutes, on comprend qu’on assiste à une véritable performance de haut vol. Les cinq artistes sur scène sont comédiens, chanteurs, mimes… et surtout bruiteurs hors pair. Le pari de raconter une histoire sans aucune bande-son préenregistrée est audacieux, et totalement réussi.

À l’aide d’objets du quotidien, ils recréent en direct chaque bruit, chaque ambiance sonore. Un simple tuyau devient vent hurlant, un sac plastique imite une averse, une bassine d’eau évoque une mer agitée… Le tout avec un réalisme qui force l’admiration. On se surprend sans cesse à penser : « Comment font-ils ça ? »

Côté chant, les voix s’accordent à merveille, et l’harmonie du groupe témoigne d’une écoute et d’une osmose impeccables. Le comédien principal porte le récit avec justesse, mais c’est surtout la cohésion de l’ensemble qui impressionne.

Certes, l’histoire en elle-même ne m’a pas particulièrement transportée, et j’ai trouvé la fin un peu longue et répétitive. Mais ce n’est pas pour le récit qu’on vient : on vient pour la virtuosité technique, pour cette expérience sensorielle étonnante, et pour le plaisir de voir l’inventivité sonore portée à son paroxysme.

Un spectacle unique, à voir (ou plutôt, à entendre) au moins une fois.

A voir à la Scala à 10h

⭐⭐⭐✨ 

Dans un monde où les liens s’effilochent, Adil et Lulu tentent l’impossible : raviver leur flamme en ouvrant leur relation.

Ce jeu amoureux, d’abord électrisant, fait trembler les fondations de leur histoire commune. Quand un désir imprévu vient bouleverser leurs nouvelles règles, une question brûlante s’impose : peut-on véritablement se réinventer sans se perdre complètement ?

J’ai été agréablement surprise par ce spectacle qui explore avec finesse les méandres de l’amour polyamoureux et les défis qu’il soulève. Cette comédie romantico-dramatique touche autant qu’elle interroge, abordant une thématique à la fois moderne et encore peu traitée au théâtre.

La mise en scène, particulièrement soignée, se distingue par l’utilisation subtile des lumières et l’intégration d’apartés : un choix judicieux qui permet aux personnages de livrer leurs pensées les plus intimes, créant une véritable proximité avec le public.

Les deux comédiens sont remarquables dans des registres très complémentaires : Lina Lamarra déborde d’énergie tandis que Nicolas Taffin brille dans la retenue. Leur duo, à la fois atypique et attachant, fonctionne à merveille. On se prend rapidement d'affection pour ce couple, ce qui est essentiel pour embarquer les spectateurs dans ce genre d'histoires.

Même si l’on pressent les tensions à venir, on reste suspendu à la manière dont ces deux êtres, sincèrement amoureux, vont affronter les obstacles qui se dressent devant eux. Le dénouement, surprenant et convaincant, m’a cependant semblé un peu abrupt : une scène supplémentaire aurait peut-être permis de l’amener de manière plus fluide.

Un spectacle que je recommande sans hésitation aux amateurs du genre, curieux de découvrir une approche sensible et intelligente de l’amour hors des sentiers battus.

⭐⭐⭐⭐

Voilà un spectacle aussi surprenant que percutant. Sa forme, d’abord, déroute : une succession de saynètes, toutes très différentes, qui ont pourtant un objectif commun limpide : nous faire prendre conscience de la dangerosité de Jeff Bezos et de son empire tentaculaire.

Ce qui rend l’expérience particulièrement brillante, c’est la diversité des approches : chaque scène adopte un ton, un style ou un genre différent (tragédie grecque, comédie burlesque, clown, parodie grinçante, rap engagé…) Et dans chacun de ces registres, les comédiens excellent avec une aisance bluffante. Leur polyvalence est à saluer, tout comme la mise en scène inventive et les textes finement écrits.

Le spectacle alterne humour absurde, satire féroce, moments de poésie et d’émotion, avec un sens du rythme irréprochable. Le message est clair, frontal, et pourtant jamais lourd : c’est un théâtre politique intelligent, qui fait rire autant qu’il questionne.

Et que dire de l’image donnée de Jeff Bezos ? Elle est… désastreuse, évidemment. On ressort avec l’envie (ou la culpabilité ?) de ne plus jamais commander sur Amazon. Ce tiraillement entre conscience politique et confort personnel est d’ailleurs posé dès les premières minutes : il est facile d’avoir des convictions, plus difficile de les appliquer au quotidien. Le spectacle, sans donner de leçon, met le doigt sur cette hypocrisie collective avec justesse et ironie.

En résumé : un spectacle nécessaire, brillamment interprété, qui amuse, éveille et remue. Que demander de plus?

A voir à La Factory - espace roseaux Teinturiers à 21h45

⭐⭐⭐✨

Conspirations n’est pas un simple spectacle de mentalisme, c’est une véritable proposition théâtrale, originale et captivante.

Évidemment, les réactions du public ne se font pas attendre : exclamations, rires, applaudissements, incrédulité. À chaque nouveau tour, les spectateurs sont bluffés. Mais dans un univers où les mentalistes se multiplient, Benoît Faceyrias a su trouver une manière bien à lui de se démarquer.

Son pari ? Fusionner mentalisme, théâtre et faits historiques. Sur scène, il incarne Nicolas de La Reynie, considéré comme le premier enquêteur de France, et nous plonge dans une intrigue inspirée de faits réels. Le fil narratif est solide, bien construit, et donne un vrai relief à l’ensemble. On ne se contente pas d’assister à une série de démonstrations : on est pris dans une histoire, avec un personnage, une époque, une tension dramatique.

La mise en scène est sobre mais efficace, et ponctuée de touches d’humour bien dosées. Et surtout, les numéros sont à la hauteur: incroyables, bluffants, hallucinants. Le genre de moments où l’on se tourne vers son voisin en chuchotant : « Mais comment il fait ?! »

Si vous aimez le mentalisme, courez-y. Et si vous pensez ne pas aimer ça… laissez-vous surprendre par cette forme hybride, aussi spectaculaire qu’intelligente.

A voir au Théâtre du Roi René à 19h25

⭐⭐

Après 68 spectacles, est-ce la fatigue ou l’attente générée par les nombreux échos positifs ? Toujours est-il que j’ai été, personnellement, assez déçue par cette proposition.

Dès les premières minutes, une chose m’a frappée : étant hispanophone, j’ai été surprise (et parfois même gênée) par les nombreuses approximations dans la prononciation de l’espagnol. Cela nuit à la crédibilité de certaines scènes et un véritable travail linguistique me semble indispensable pour renforcer la cohérence de l’ensemble.

Côté mise en scène, si les jeux de sons et lumières sont précis et bien exécutés, je n’ai pas réussi à entrer pleinement dans la narration. L’histoire, certes complexe et ambitieuse, m’a souvent perdue. On sent une volonté de bien faire, mais le fil dramatique manque de clarté, et l’on finit parfois par décrocher.

La dernière partie, en revanche, m’a davantage touchée. Il s’agit d’une histoire vraie, celle d’une enfant au courage remarquable, et l’émotion affleure enfin. La volonté d’honorer la mémoire d’une grande tante est sincère et respectable, et c’est sans doute ce qu’on retient le plus en sortant.

Un beau projet sur le papier, empreint de sensibilité, mais au final un spectacle inégal qui, à mes yeux, peine à convaincre totalement.

⭐⭐⭐⭐✨

Cléopâtre – La Reine Louve raconte l’ascension de la jeune et déterminée Cléopâtre, propulsée à la tête de la dynastie des Ptolémées.

Assister à un spectacle d’Éric Bouvron, c’est s’offrir une expérience mémorable, et Cléopâtre, la Reine Louve ne fait pas exception à la règle. Dans la lignée de son sublime Lawrence d’Arabie, le metteur en scène nous embarque cette fois-ci en Égypte ancienne, à la découverte du destin fascinant d’une reine mondialement célèbre, mais dont les véritables contours restent, pour beaucoup, méconnus.

Dès les premières minutes, la mise en scène capte l’attention. D’une beauté sobre et saisissante, elle repose sur un minimalisme poétique : quelques bâtons, des tissus, quelques costumes suffisent à faire naître l'histoire sous nos yeux. Fidèle à son style, Éric Bouvron (à mon avis le metteur en scène le plus talentueux du moment) prouve une fois de plus qu’il sait faire beaucoup avec peu. Les superbes créations lumières subliment les scènes, tandis que la musique, jouée et chantée en live par les musiciens, ajoute une vraie profondeur à l'ensemble.

La troupe, menée par une Charline Freri bouleversante dans le rôle de Cléopâtre, est irréprochable. Tous les comédiens incarnent avec aisance une multitude de personnages, naviguant entre émotion, humour et tension avec une fluidité remarquable.

L’histoire, riche et passionnante, est racontée avec précision, tout en étant ponctuée de traits d'humour parfaitement dosés.

En somme, Cléopâtre, la Reine Louve est un joyau théâtral à ne surtout pas manquer. Une œuvre d’une rare qualité, qui enchante autant qu’elle instruit.

⭐⭐⭐✨

Je dois l’avouer, je deviens de moins en moins fan des one man shows. J’ai souvent l’impression de voir toujours la même chose, et seuls quelques humoristes parviennent encore à me surprendre et à me faire rire. Pourtant, j’étais très curieuse de découvrir Adel Fugazi sur scène. Je l’avais découvert grâce à un sketch hilarant lors de son passage dans l’émission Comedy Class, et j’avais hâte de retrouver cet univers si particulier.

Et je n’ai pas été déçue ! Adel propose un univers complètement barré, loin des standards classiques du stand-up, un univers qui ne doit pas déplaire au génialissime Yacine Belhousse. Mais il a surtout un style bien à lui, qui lui permet de se démarquer des dizaines d’humoristes qui écument les comedy clubs chaque soir.

Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est son don pour aller jusqu’au bout de ses blagues et son sens du rythme, deux qualités indispensables pour embarquer le public avec lui. J’ai beaucoup ri, et j’ai aimé ce que dégage ce comédien.

Mon seul bémol : la place un peu trop importante accordée à l’humour « pipi-caca », qui, même s’il a son public, n’est pas vraiment ce que je préfère.

Quoi qu’il en soit, j’ai passé une très bonne soirée, et je n’étais pas la seule : le reste des spectateurs semblait tout aussi conquis.

A voir au Théâtre des Béliers à 22h30 du 5 au 15 juillet

⭐⭐⭐⭐

À Séville, au début du XIXe siècle, Rosine, une jeune fille orpheline, est retenue captive par son tuteur, le docteur Bartholo, épaulé par son cupide bras droit Basile. Promise à un mariage forcé à ses 18 ans, elle tombe amoureuse d’un mystérieux amant qui la courtise en secret. Ce n’est autre que le comte Almaviva qui, aidé de son ancien valet, le malicieux Barbier Figaro, va tenter de la délivrer…

J’ai été très agréablement surprise par cette adaptation, pourtant assez classique, du Barbier de Séville. Ce qui m’a fait le plus rire dans cette comédie, ce n’est pas tant le texte, qui s’approche des grandes pièces de Molière sans trop de surprises dans l’intrigue, mais bien l’excellente interprétation des comédiens et les petites trouvailles de mise en scène, toujours astucieuses et drôles.

Même si ce n’est pas mon genre de prédilection, je trouve essentiel que les chefs-d’œuvre du théâtre classique ne tombent pas dans l’oubli. Il est indispensable de les faire découvrir, aimer, partager, et la troupe des Modits relève ce défi avec brio.

Ce spectacle plaira autant aux passionnés de théâtre classique qu’aux néophytes et aux enfants, notamment grâce au rôle de l’odieux docteur Bartholo, magistralement incarné par Michaël Giorno-Cohen, un comédien que j’avais déjà beaucoup apprécié dans Le Revizor.

Les autres sont tout aussi brillants : Oscar Voisin donne vie à un Figaro fantasque, Victor O’Byrne joue l’amoureux transi prêt à tous les stratagèmes, et Alexis Rocamora est parfaitement antipathique en Basile. Je tiens aussi à saluer Justine Vultaggio, non seulement très convaincante dans le rôle de Rosine, mais également auteure d’une mise en scène que j’ai trouvée particulièrement intéressante.

Il y a quelques années, j’avais acheté un album intitulé J’aime pas le classique mais ça j’aime bien. Cette pièce m’a fait penser à ce slogan, qui résume bien mon ressenti à la sortie.

Un immense bravo à toute la troupe des Modits pour ce spectacle plein d’énergie, d’humour et d’intelligence!

A voir au Petit Louvre à 11h45

⭐⭐⭐⭐

Issa, jeune Érythréen laissé pour mort dans la « jungle » de Calais, a perdu la mémoire. Alors que le seul élément tangible de son passé est son passeport, il entame une longue quête semée d’embûches afin d’obtenir un titre de séjour, entouré de compagnons d’infortune.

J’ai enfin eu le plaisir de découvrir Passeport, et le verdict est sans appel : c’est une pièce remarquable. On y retrouve les ingrédients emblématiques du théâtre d’Alexis Michalik – un rythme soutenu, une mise en scène ingénieuse et un dénouement inattendu. Impossible de décrocher tant le récit regorge de péripéties et que les histoires des personnages, finement entremêlées, captivent et émeuvent.

Ce qui m’a particulièrement frappée, c’est la manière dont l’auteur parvient encore à explorer de nouvelles thématiques tout en conservant ce qui fait la force de son univers. Passeport est sans doute son œuvre la plus engagée à ce jour, mais elle ne verse jamais dans le manifeste militant. Il s’agit avant tout du parcours profondément humain d’un homme en quête de soi, traité avec finesse et sensibilité.

Les comédiens sont excellents, notamment Jean-Louis Garçon, bouleversant dans le rôle d’Issa, et Kevin Razy, qui insuffle une dose d’humour bien dosée et bienvenue. Si le propos est fort, il n’est jamais pesant : la pièce touche par son humanisme bien plus qu’elle ne cherche à faire la leçon.

Une œuvre aboutie, intelligente et profondément humaine que je recommande sans hésiter.

A voir au Théâtre du Chêne Noir à 21h30

⭐⭐⭐✨

UN MEC COOL, c’est quelqu’un qui est mieux que nous, donc c’est normal qu’on paye pour le voir.

Guillaume Sentou rêve d’être un mec cool, ce type décontracté qu’on admire pour son aisance naturelle et sa confiance en lui. Mais, comme tout artiste digne de ce nom, il est traversé par ses propres doutes. Je l’avais découvert éblouissant dans des rôles comme ceux d’Edmond Rostand ou d’Auguste Maquet, où il mêlait avec brio humour, charisme et justesse. Son interprétation d’Edmond lui avait d’ailleurs valu un Molière du meilleur comédien. Et pourtant, derrière ce talent éclatant, il se sent ordinaire.

De ce constat est né un spectacle en solo, un récit intime et universel, porté par une écriture subtile et une interprétation d’une grande finesse, entre émotion, juste critique de la société et autodérision. C’est un tournant dans sa carrière : longtemps salué en duo ou en troupe, il choisit ici de se confronter seul au regard du public. Comme un défi lancé à lui-même, et qu’il relève haut la main.

Pour ma part, sa seule présence suffisait à me convaincre de venir. Et je n’hésiterai pas une seconde à retourner le voir sur scène. Je n’ai jamais été déçue.

A voir au Théâtre du collège de la salle à 20h

⭐⭐⭐✨

Il est assez rare que je sorte d’une comédie en ayant autant ri, et pourtant, Jacques et Chirac a réussi cet exploit. Mais attention, ne vous méprenez pas : ce n’est pas une simple pièce légère. C’est avant tout une comédie politique incisive, qui nous invite à revisiter le parcours de notre ancien président sous un angle à la fois drôle et critique.

Dès le titre, le ton est donné. On découvre un Chirac loin du héros consensuel, un homme entaché de nombreuses zones d’ombre : affaires de pots-de-vin, gestion controversée de la politique africaine, convictions parfois bien opportunistes, trahisons politiques… la liste est longue et ne fait pas dans la demi-mesure.

On pourrait regretter que le spectacle ne cherche pas à nuancer ce portrait en évoquant aussi les aspects plus sympathiques ou humains du personnage, mais ce parti pris à charge ne nuit pas à la pertinence du propos. Au contraire, s’il est juste, il est parfois choquant. Pour contrebalancer cette lourdeur, la mise en scène mise sur l’absurde et un humour léger, qui dédramatisent parfaitement le tout sans pour autant minimiser la portée du message.

Les comédiens sont remarquables, donnant vie à ces figures politiques avec un mélange de justesse et de fantaisie. La mise en scène est particulièrement soignée, et l’usage de la vidéo est une réussite : pubs d’époque, fausses émissions télévisées, images d’archives revisitées, tout contribue à nous replonger avec humour et efficacité dans les années Chirac.

Ce spectacle est à voir pour tous ceux qui aiment un théâtre engagé, mêlant satire et histoire politique, mais je le déconseille clairement aux fans inconditionnels du personnage — vous risqueriez de ne pas apprécier la charge !

A voir au Théâtre de la Luna à 13h25

Pour bien débuter une journée de festival, ce spectacle musical complètement déjanté est une véritable bouffée d’air frais. Sur scène, cinq artistes d’exception, à la fois comédiens et chanteurs, nous invitent à plonger dans un univers à la fois loufoque, tendre et plein de surprises.

Ce qui frappe dès les premiers instants, c’est la complicité entre les interprètes, qui partagent avec générosité leur joie de jouer et de chanter. Ils enchaînent des chansons connues ou plus confidentielles, mêlant habilement humour absurde et émotion sincère. Parmi elles, leur reprise d’Amsterdam est particulièrement envoûtante et laisse une empreinte durable.

L’une des grandes forces de ce spectacle réside dans la qualité exceptionnelle des harmonies vocales. Les voix s’accordent à la perfection, soutenues par un travail musical minutieux qui ne cesse d’émerveiller. Chaque nuance, chaque accord semble pensé pour sublimer le récit et les personnages, renforçant ainsi l’immersion du public.

À cela s’ajoute le talent de Virginie Lemoine, qui, avec sa mise en scène précise et inventive, insuffle un grain de folie supplémentaire à l’ensemble. Son sens du rythme et son regard affûté rendent cette production à la fois dynamique et cohérente, pour le plus grand plaisir des spectateurs.

Cette troupe, qui fête ses 30 ans d’existence, offre avec ce spectacle un magnifique cadeau à ses fidèles mais aussi à tous ceux qui découvrent leur univers. Le public, conquis, termine souvent debout, le sourire aux lèvres et la pêche retrouvée, prêt à poursuivre sa journée avignonnaise avec entrain.

Un spectacle à ne manquer sous aucun prétexte pour tous les amoureux de théâtre musical, d’humour décalé et de performances vocales remarquables.

A voir au Théâtre des Gémeaux à 10h

⭐⭐⭐

La thématique de la prostitution étudiante, rarement abordée sur les planches, a immédiatement capté mon attention. Il est essentiel de parler de ce sujet trop souvent tabou, d’expliquer les raisons qui poussent certaines jeunes filles dans cette voie, mais aussi de montrer combien il est difficile d’en sortir.

Sur ce point, le spectacle remplit pleinement sa mission : l’histoire, tirée de faits réels, touche profondément le public et suscite une vraie émotion.

La mise en scène signée Violaine Arsac est intelligente et efficace. J’ai particulièrement retenu l’utilisation symbolique d’une veste d’homme suspendue en arrière-plan, qui incarne les clients lors d’une scène d’agression, une idée forte et très bien pensée.

Mon seul bémol concernerait le manque d’interaction entre les comédiens, une limite sans doute inhérente à la forme de l’adaptation, basée sur des échanges épistolaires ou virtuels entre deux protagonistes.

Enfin, il faut saluer la présence sur place du « héros » de cette histoire (terme que j’emploie avec intention) qui a accompagné cette jeune femme tout au long du festival. Son soutien sans faille est admirable et donne encore plus de poids à ce récit bouleversant.

A voir au théâtre la Luna à 16h15

Fan inconditionnelle de leur précédente création Swing Heil , que je recommande sans hésiter à tous,  j’attendais avec impatience la nouvelle pièce du Road Movie Cabaret. Et, une fois encore, le spectacle est une belle réussite.

Leur force? Aborder des sujets à la fois importants et graves avec intelligence et sensibilité. Après avoir exploré les jeunesses hitlériennes, ils se penchent ici sur le combat des suffragettes, ces femmes héroïnes qui ont risqué leur vie pour obtenir le droit de vote en Angleterre au début du XXe siècle.

Le récit se concentre particulièrement sur Sylvia Pankhurst, dont la lutte pour l’émancipation féminine est poignante et inspirante. Certains passages prennent littéralement aux tripes, mais heureusement, Jimmy Dumas vient parfois alléger l’atmosphère avec quelques touches d’humour bienvenues.

Ce spectacle est une réussite totale, qui mêle engagement, émotion et théâtre vivant. Je vous encourage vivement à aller le découvrir, d’autant qu’il reste malheureusement d’actualité dans de nombreuses régions du monde, et que le combat pour l’égalité des droits est encore loin d’être gagné, y compris en France.

A voir à la Condition des soies à 19h10

⭐⭐⭐⭐

Il y a un charme particulier à pénétrer dans un théâtre qui n’en a pas l’air, comme ce lycée transformé en scène de spectacle, sans savoir à quoi s’attendre… Et c’est précisément ce qui fait toute la magie d’Avignon. Ce spectacle fut pour moi une véritable révélation.

Dès les premières minutes, on est happé par le récit poignant d’un père au passé lourd, un homme héroïque qui n’a jamais réussi à confier ses secrets à son fils. L’intrigue démarre avec une simple photo, retrouvée parmi les affaires du père récemment décédé, et qui déclenche une enquête intime et bouleversante menée par le fils, déterminé à comprendre enfin la vérité.

Ce qui rend ce spectacle si puissant, c’est son ancrage dans des faits historiques réels. La plume de Grégory Bellanger signe une histoire solide, à la fois haletante et émouvante, qui pourrait aisément être adaptée au cinéma tant le suspense et la profondeur des personnages sont maîtrisés.

Le tempo est parfait, ne laissant jamais au spectateur le temps de s’ennuyer. Chaque scène révèle de nouveaux éléments, chaque dialogue creuse davantage la psychologie des personnages et le poids du passé.

La mise en scène, d’une grande ingéniosité, joue habilement avec l’espace du lycée pour créer une atmosphère immersive qui amplifie l’intensité dramatique. C’est un véritable tour de force qui donne vie à cette histoire avec une simplicité et une efficacité remarquables.

Ce spectacle est un rappel puissant que parfois, les plus belles surprises se cachent là où on ne les attend pas. Une invitation à ne pas hésiter à s’aventurer hors des sentiers battus pour découvrir des perles rares.

A voir au Théâtre du Roi René à 10h

⭐⭐⭐✨

Nicolas Devort est un artiste au talent quasi unique dans le paysage théâtral contemporain. Seul sur scène, avec pour seuls « accessoires » son corps, sa voix et son incroyable présence, il parvient à créer tout un univers. Son spectacle nous entraîne dans l’histoire de Lisa, une adolescente d’aujourd’hui confrontée à un bouleversement majeur, un monde qui s’écroule autour d’elle.

Au premier abord, le récit pourrait sembler être celui d’une adolescente en quête de sens, d’identité, comme on en voit souvent. Pourtant, il s’agit bien plus que cela : le sujet, d’une grande profondeur, explore des thématiques universelles, sensibles et actuelles, qui touchent au cœur de nos existences. Je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher la découverte, mais sachez que chaque moment sur scène résonne bien au-delà des apparences.

La mise en scène, d’une grande précision, est une nouvelle fois une démonstration du talent de Devort. Tout est millimétré : chaque mouvement, chaque regard, chaque silence est pensé pour maximiser l’émotion et l’impact sur le spectateur. C’est un théâtre d’une rare intensité, où la simplicité apparente masque une maîtrise technique et artistique impressionnante.

La performance de Nicolas Devort est tout simplement de haut vol. Son engagement total, sa capacité à incarner plusieurs personnages et à faire vivre une histoire complexe seul sur scène forcent le respect. On est littéralement happé, tenu en haleine, suspendu à chacun de ses gestes, de ses mots.

Ce spectacle est une véritable leçon d’art théâtral où l’on comprend que, parfois, le minimalisme est la clé pour toucher au plus profond. Un seul comédien, un plateau nu, et pourtant une émotion immense, une puissance rare.

Je ne peux que vous encourager vivement à découvrir cette pièce.

A voir au théâtre des Corps Saints à 15h40

⭐⭐⭐

Véritable succès depuis le début du festival, affichant complet jusqu’à la toute dernière représentation, ce spectacle avait suscité en moi une grande attente. Je m’attendais à être profondément touchée, peut-être même à verser une petite larme.

Et pourtant, malgré ses nombreuses qualités, je suis restée un peu sur ma faim. Ne vous méprenez pas, il s’agit d’un très beau spectacle, porté par une interprétation remarquable, notamment grâce à la magnifique performance de Jean-Jacques Vannier. La mise en scène, élégante et maîtrisée, rappelle parfois le style soigné d’un Daguerre, propre et classique.

Le spectacle coche toutes les cases du théâtre de qualité, avec un soin apporté à chaque détail et une écriture qui mérite sans doute des Molières. Cependant, il m’a manqué ce petit supplément d’âme, ce frisson d’émotion qui fait qu’une pièce reste gravée longtemps après sa fin.

Je ne peux en aucun cas déconseiller ce spectacle : il saura séduire un large public, par sa rigueur et sa belle interprétation. Mais personnellement, j’espérais une expérience plus intense, un lien plus profond avec les personnages et leur histoire.

En somme, un spectacle très réussi, mais qui, pour moi, n’a pas tout à fait atteint l’émotion à laquelle je m’attendais.

A voir au Chien qui fume à 10h

⭐⭐⭐

Christophe Delort, auteur à succès bien connu pour ses comédies, est un homme de défis. Rien que cette année au festival, il a signé pas moins de cinq mises en scène et joue dans trois spectacles chaque jour. Cette fois, il s’est lancé dans une toute nouvelle aventure : le biopic, et pas n’importe lequel : celui d’Al Capone, figure mythique et complexe dont la vie mouvementée ne laisse rien au hasard.

Autant vous dire que le pari est brillamment tenu, et que j’ai adoré cette pièce. L’ambiance de la prohibition est recréée avec un soin méticuleux : décors d’époque, costumes impeccables, effets vidéo immersifs et surtout un groupe de musiciens live qui apportent énergie et authenticité à la représentation.

L’histoire d’Al Capone, l’un des gangsters les plus célèbres de tous les temps, est synthétisée avec finesse, donnant un aperçu à la fois complet et rythmé de sa vie tumultueuse. La mise en scène exploite avec ingéniosité les spécificités de la salle, rendant l’expérience encore plus immersive pour le spectateur.

Alexandre Putfin incarne un Al Capone à la fois charismatique et terrifiant, et le reste de la troupe multiplie avec brio les personnages, passant d’un rôle à l’autre avec une aisance impressionnante.

Le rythme est soutenu, sans aucun temps mort, ce qui empêche toute forme d’ennui. Pour quelqu’un comme moi qui adore apprendre au théâtre, ce spectacle fut un véritable régal.

Je ne peux que vous recommander vivement cette pièce, un spectacle à la fois instructif, captivant et intense qui marquera sans doute les esprits.

A voir au théâtre Notre Dame à 19h

❤️❤️❤️❤️❤️

Coup de coeur

Le seul mot qui m’est venu à l’esprit en sortant, c’est « remarquable » ! Quand le cinéma s’invite au théâtre avec un tel talent, cela donne un spectacle à la fois surprenant, brillant et d’une qualité rarement atteinte.

D’abord, la qualité visuelle est saisissante. Le pari osé de proposer une œuvre en noir et blanc est tenu avec une maîtrise exceptionnelle : quelle beauté, quel bijou pour les yeux ! Chaque image, chaque scène semble soigneusement pensée comme un véritable tableau cinématographique.

Le scénario, lui aussi, est d’une grande finesse. Certes, le début peut dérouter (je l’avoue, j’ai été un peu perdue au départ) mais une fois que tout prend sens, on est complètement embarqué dans cette histoire unique.

Quant aux comédiens, leur talent est indéniable. Alexandre Faitrouni réalise une performance majuscule, incarnant un Charlie Chaplin que l’on ne connaît pas : un personnage maladroit, hésitant, gauche, mais profondément touchant. Sa nomination aux Molières est plus que méritée. Je suis particulièrement fan de ce comédien depuis plusieurs années, tant il a ce don rare de toucher le public en plein cœur. Ses deux partenaires l’accompagnent également avec brio, livrant une prestation irréprochable.

La mise en scène est d’une précision remarquable, presque chorégraphiée, ce qui ajoute à la magie du spectacle.

Il faut néanmoins prévenir : ce spectacle divise. Certains le trouvent lent et peuvent avoir du mal à accrocher. 

Pour ma part, c’est un véritable coup de cœur, un spectacle unique en son genre que je recommande chaudement à tous les amoureux du théâtre et du cinéma.

A voir au théâtre Actuel à 21h35

⭐⭐⭐⭐

Après plusieurs années de curiosité, je me suis enfin décidée à découvrir « Fausse note », un spectacle dont le pitch prometteur avait su attiser mon intérêt. Et je n’ai pas été déçue !

Cette pièce est d’une intensité rare : non seulement elle tient le spectateur en haleine du début à la fin, mais elle aborde également un sujet fascinant (que je préfère ne pas dévoiler pour préserver la surprise) mais qui m’a toujours passionnée.

Sur scène, les deux comédiens livrent une prestation remarquable, donnant tout ce qu’ils ont. Leur engagement est palpable, surtout dans les émotions qui traversent leurs visages à la fin du spectacle, témoignant d’une immersion totale dans leurs personnages.

Le rythme est soutenu, parsemé de nombreux rebondissements qui maintiennent le suspense à son comble. L’écriture est fine, les dialogues ciselés, et la mise en scène efficace.

Quant à la fin… elle est totalement inattendue, un vrai coup de théâtre qui m’a laissée bouche bée.

Je vous encourage vivement à aller découvrir ce thriller théâtral qui, je suis sûre, saura vous captiver autant qu’il l’a fait pour moi. Une belle surprise à ne pas manquer !

A voir à la Condition des soies à 17h20

⭐⭐⭐

Ce n'est pas tous les jours qu’un eucalyptus corse vous tombe dessus. Pourtant, c’est exactement ce qui est arrivé à Marjolaine Pottlizer, et c’est le point de départ de ce seul-en-scène autobiographique. Ce spectacle mêle avec justesse émotion, réflexion et humour, dans un savant équilibre qui tient en haleine du début à la fin.

Plus qu’un simple récit d’accident, Marjolaine nous emmène dans le combat qui a suivi ce choc brutal : les premiers soins (que l’on qualifiera de décevants), les longs mois de rééducation parfois décourageants, et la confrontation avec un handicap invisible qui rend son quotidien bien plus compliqué qu’il n’y paraît. Cette histoire vraie est racontée avec une sincérité et une vulnérabilité touchantes, mais toujours teintée d’une autodérision rafraîchissante qui allège les moments difficiles.

Ce spectacle est un hommage vibrant à la résilience humaine, porté par une artiste dont la force de caractère transparaît à chaque instant. Malgré quelques petites failles dans le jeu, c’est l’intensité du témoignage et la vérité du propos qui marquent durablement. On rit, on est touché, et surtout, on admire cette capacité à transformer une expérience traumatisante en un récit puissant, porteur d’espoir.

Un moment unique, à la fois poignant et drôle, qui invite à réfléchir sur la fragilité de la vie et la manière dont on peut la réinventer, même quand tout semble s’effondrer.

Au théâtre Pierre de lune à 16h

⭐⭐⭐

Encore une très belle découverte aujourd’hui, un peu par hasard en feuilletant le catalogue du festival. J’ai été immédiatement touchée par ces deux personnages auxquels on s’attache profondément. Leur amitié, née sur les bancs du CAP, traverse les épreuves du temps et du milieu impitoyable de la restauration. Mais à mesure que leur parcours professionnel avance et que les ambitions personnelles prennent le dessus, ce lien fort se fissure doucement, avec toute la complexité et la douleur que cela implique.

Ce spectacle offre aussi un éclairage rare et précieux sur le quotidien souvent méconnu des restaurateurs : un univers de passion, de sacrifices et d’abnégation. Pour ma part, je n’avais jamais vu une pièce qui plongeait aussi authentiquement dans ce monde exigeant, ce qui a rendu l’histoire d’autant plus captivante.

La mise en scène, particulièrement inventive, soutient parfaitement le récit et les émotions, tandis que les comédiens, impeccables, incarnent avec justesse et sensibilité leurs personnages respectifs, parfois même dans plusieurs rôles, ce qui ajoute à la richesse de la représentation.

En résumé, c’est un spectacle à la fois touchant et instructif, qui saura séduire autant les amateurs de théâtre que ceux qui s’intéressent à la réalité derrière les fourneaux. Je vous le recommande vivement !

A voir au théâtre des Corps Saints à 19h35

⭐⭐⭐

Difficile de succéder à Guillaume Gallienne, tant son seul-en-scène, inspiré de sa propre vie, avait marqué les esprits par sa justesse et son émotion. Pourtant, Jean-François Breuer relève ce défi avec brio et apporte une interprétation toute en finesse et en tendresse qui m’a beaucoup touchée.

La plupart d’entre vous connaissent déjà cette histoire d’un garçon en quête d’identité, qui cherche sa place et finit par comprendre qu’il n’est pas ce que tout le monde attend de lui. Ce récit, à la fois drôle et émouvant, conserve toute sa force ici, portée par un comédien qui sait à la fois faire rire et émouvoir sans jamais tomber dans la caricature.

Jean-François Breuer réussit à faire oublier l’ombre du premier interprète pour s’approprier pleinement ce rôle délicat. Si vous souhaitez découvrir ou redécouvrir ce texte fort et universel, je vous encourage vivement à aller voir cette belle adaptation.

A voir au Théâtre des Gémeaux à 21h15

⭐⭐⭐

Quelle belle surprise que ce seul-en-scène de Christophe Delort ! Le pari était audacieux : nous faire découvrir la philosophie en un peu plus d’une heure, tout en la rendant accessible à tous, et en plus, en nous faisant rire. Pari relevé haut la main.

Ce spectacle est bien plus profond qu’on ne pourrait l’imaginer au premier abord. Il invite à réfléchir sur de nombreux aspects de la vie, sans jamais être pesant ni élitiste. L’énergie débordante du comédien, son aisance dans la communication avec le public et sa bonne humeur communicative font de cette heure un vrai moment de plaisir.

Christophe Delort parvient à rendre vivants les grands philosophes et leurs idées avec une simplicité et un humour qui captivent aussi bien les adolescents que les adultes. C’est une excellente introduction à la philosophie, qui donne envie d’en apprendre davantage. On en ressort grandi, avec l’esprit un peu plus éclairé et le sourire aux lèvres. Je recommande ce spectacle à tous ceux qui souhaitent allier culture et divertissement.

A voir au Théâtre Notre dame à 11h

⭐⭐⭐✨

Je connaissais surtout Yohann Métay pour son talent incroyable d’improvisateur, capable de créer des moments magiques et uniques sur scène à chaque représentation. Mais avec "Sublime Sabotage", j’ai découvert un autre visage de cet artiste : un comédien complet, drôlissime, déjanté et surtout complètement barré, et c’est précisément ce qui rend ce spectacle si irrésistible !

Dès les premières minutes, j’ai su que j’assistais à l’un des débuts de spectacle les plus fous et déjantés du festival. On retrouve avec bonheur l’énergie et la spontanéité d’un improvisateur qui ne recule devant rien, mêlées à un vrai travail de comédien au service d’un univers totalement loufoque. Ensuite, c’est une succession non-stop de scènes plus folles et hilarantes les unes que les autres, avec des situations que Yohann sait étirer et exagérer avec un sens du rythme et de la nuance impressionnant. Le spectacle tutoie la folie, sans jamais basculer dans l’excès.

Que dire de ce fameux stage de clown ou de la fameuse danse de la communauté ? Ces moments sont des concentrés de joie pure et les rires fusent en continu pendant toute la durée du spectacle, 1h20 de bonheur communicatif.

Loin d’être un sabotage, ce spectacle est au contraire une bulle d’air frais et de bonne humeur dans un festival parfois chargé. Je ressors avec un grand sourire, le cœur léger, et surtout l’envie de crier haut et fort : "AMOUR, Yohann !"

Si vous cherchez une comédie complètement déjantée mais maîtrisée, capable de vous faire rire aux éclats du début à la fin, ne ratez surtout pas ce "Sublime Sabotage".

A voir au Théâtre des Corps Saints à 21h25

❤️❤️❤️❤️❤️ 

Coup de coeur

Encore un petit bijou du Festival ! Cette pièce, loin d’être une surprise pour moi, fait partie des incontournables d’Avignon depuis plusieurs années, jouée à guichets quasi fermés — et ce, à juste titre. Je l’avais déjà vue il y a deux ans, mais je suis retournée la voir cette année avec plaisir, impatience, et une curiosité toute particulière liée au changement d’interprète principal.

Et je n’ai absolument rien à redire : ce spectacle est un condensé d’émotion, de surprises et d’humour, porté par un jeune artiste d’un talent remarquable. J’avais découvert cette pièce avec Axel Auriant, dont j’avais été bluffée par la performance. J’avoue avoir eu une petite crainte de ne pas retrouver la même magie avec son successeur, mais Pierre Martin m’a totalement convaincue. Sa manière d’incarner Adrien est peut-être différente, mais tout aussi bouleversante et juste. Il se montre tout aussi virtuose que son prédécesseur, avec une sensibilité et une énergie qui donnent vie au texte d’une manière très personnelle.

L’écriture est d’une finesse rare, la mise en scène est maîtrisée et contribue à créer une atmosphère immersive. À la sortie, on a le cœur serré mais le sourire aux lèvres — un mélange subtil d’émotions qui reste longtemps.

Pour celles et ceux qui fréquentent le Festival depuis longtemps, "Une vie sur mesure" est sans doute un titre familier. Et si vous pensez que le thème ne vous concerne pas ou ne vous attirera pas, je vous invite vivement à oublier vos préjugés. Ce spectacle touche à l’universel, à ce qui nous fait tous vibrer. Courrez-y sans hésiter, vous ne le regretterez pas une seconde !

Edit: cette année, c'est l'auteur de la pièce, Cédric Chapuis, qui reprendra le rôle au festival. Ne manquez pas cela!

A voir à la Scala à 12h05