
⭐⭐⭐⭐
Tout le monde connait Le Malade Imaginaire, l’oeuvre ultime de Molière. Enfin, c’est ce qu’on croyait !
Voilà maintenant deux ans que je suis avec attention le travail de Tigran Mekhitarian, depuis cette soirée marquante au théâtre des Beliers où sa performance m’avait bluffée dans La Maladie de la famille M. L’an dernier, sa version de Dom Juan avait été l’un de mes spectacles favoris du festival, c’est donc avec une impatience certaine que j’attendais son Malade Imaginaire. Et le possessif est ici pleinement justifié : une fois encore, il s’empare du texte de Molière avec audace et intelligence pour en livrer une version très personnelle et résolument contemporaine.
Le texte original est respecté dans ses grandes lignes, mais habilement dynamisé par des clins d’œil modernes, quelques envolées familières qui font toujours leur effet et des touches de rap distillées avec parcimonie. À travers ce mélange des genres, c’est tout l’amour de Mekhitarian pour Molière et la langue française qui transparaît. Sa volonté de rendre le théâtre classique accessible à tous, y compris aux plus jeunes, est plus qu’évidente.
La réussite de ce Malade Imaginaire repose aussi sur une distribution sans faute. Tigran Mekhitarian, en plus de sa mise en scène inventive, incarne Argan et parvient à conjuguer humour, fragilité et dérision avec intensité et aisance, tout en laissant à chacun de ses partenaires l’espace de s'exprimer pleinement.
Certes, l’effet de surprise était un peu moins fort que l’an passé, mais cette nouvelle proposition reste brillante. Ceux qui découvriront son univers pour la première fois seront sans doute aussi étonnés que séduits.
Un brin de provocation, beaucoup d’inventivité, et surtout un immense respect du texte original : c’est ce savant dosage qui fait (et continuera sans doute longtemps de faire) le succès de ce talentueux metteur en scène.
A voir au Théâtre du chêne noir à 15h
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